Radicalement Protestant
  LE TRICHOTOMISME
 

     C’est principalement la tradition qui depuis des siècles nous a convaincus que l’homme est un être composé de 2 partie : l’âme et le corps. Telle conception est dichotomiste. Néanmoins il y a toujours eu des théologiens comme Origène qui dès le début ont soutenu que l’homme est composé de 3 parties : l’esprit, l’âme, et le corps. Martin Luther lui-même déclara dans son commentaire du verset 12 au chapitre IV dans l’épitre aux Hébreux :

 « Mais suivant la foi, nous suivrons l’apôtre quand dans 1 Thes. V ; 23 il divise l’homme en 3 parties…en relation à ce thème, Origène fut celui qui s’efforça le plus pour l’expliquer, et après lui ce fut Jérôme, qui se référant à Gal. V ;17 déclara que tout le monde sait que le corps ou la chair est notre partie la plus basse, l’esprit par lequel nous sommes capables d’œuvres divines est la plus élevée, et l’âme qui réside au milieu des deux …»

     Dans les cercles réformés l’immense majorité suit la tradition dichotomiste, mais si nous suivons les Ecritures nous arriverons naturellement au trichotomisme. En effet la Bible divise l’homme en 3 parties et non en 2 : 1 Thes.V ; 23. C’est une doctrine importante pour bien comprendre certains points du salut et de la sanctification mais cela n’est pas un sujet de division  entre qui veut diviser l’âme en 2 parties ; la partie haute étant appelée esprit comme le faisait Augustin, et qui voit l’homme composé de 3 parties. Ma communion avec mes frères protestants n’est pas basée sur la dichotomie ou la trichotomie de l’homme mais sur Jésus-Christ qui est mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification ! Notre communion est basée sur l’Evangile du salut par la foi pas par les œuvres et sur l’autorité suprême de l’infaillible Ecriture : « Sola Fide » et « Sola Scriptura » sont notre fondement.

 

     Cette doctrine qui n’altère pas la communion des saints a cependant une grande importance pour notre compréhension de la vie chrétienne. « Mon peuple fut détruit car il lui manqua de la connaissance » dit le Seigneur, et cette connaissance spécifique de notre trichotomie est importante pour comprendre ce que signifie marcher en esprit. Ce que j’ai trouvé de meilleur sur ce sujet est l’œuvre de NEE Tosheng, plus connu comme Watchman Nee, œuvre qui s’intitule : L’homme spirituel. C’est ce qui m’a permis de comprendre et d’apprécier cette doctrine et sa portée dans la vie spirituelle. Il y a quelque légère influence néo pentecôtiste dans son œuvre, mais cela n’altère pas la qualité de son enseignement outre mesure. Watchman Nee fut un grand maitre et je le conseille à mes lecteurs. Il est parti auprès de notre Seigneur après 20 ans d’incarcération dans les prisons de la Chine communiste, et ils trouvèrent sous son oreiller son testament final en peu de mots griffonnés sur un bout de papier : « Seulement par le sang » (de l’Agneau)…

    Mon but présentement est donc de résumer le plus clairement possible ce que j’ai pu tirer de l’enseignement de Watchman Nee, et exposer ma vue du trichotomisme.

 

     Les dichotomistes assument que l’esprit et l’âme sont la même chose, ou que l’esprit est la partie la plus élevée de l’âme. Nous les trichotomistes affirmons que l’esprit est un élément qui compose notre être et l’âme un autre élément bien distinct. Si nous commençons par Gn.I ; 26, nous y lisons : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance ». Le pronom sujet est au pluriel, et c’est donc le Dieu en 3 Personnes qui s’exprime disant : « Faisons… ». La très Sainte Trinité est un mystère ineffable pour l’éternité, et notre intellect n’a pas la capacité ni ne l’aura  de La comprendre totalement, car l’Etre infini ne peut être compris par une créature finie, comme dit la Parole : « Une telle connaissance est trop merveilleuse pour moi, c’est haut ; je n’y atteins pas ». Néanmoins « les choses invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages », (Ro.I ; 20), et par conséquent nous voyons une trichotomie régnante dans la création. Notre corps est composé de 3 éléments : la tête, le tronc, et les membres. Pareillement l’âme est reconnue dans ses 3 fonctions principales : l’intellect, l’émotion, et la volonté. De même l’esprit est identifiable par ses 3 caractères principaux : la conscience, l’intuition et la disposition ou la volonté spontanée, (Watchman Nee utilise le terme « communion » pour le 3eme caractère de l’esprit). L’esprit humain est un souffle de vie et comme le vent il est invisible, on peut seulement le noter par ses fonctions particulières. L’âme et l’esprit ne sont pas des éléments tangibles pour nos sens physiques et seulement leurs activités nous permettent de les identifier et de les distinguer. Tout comme le vent peut être chaud ou froid, violent ou léger, provenant de l’est ou de l’ouest, de même l’esprit se distingue de l’âme par ses activités qui le caractérisent. L’homme est clairement une trichotomie, car mon corps c’est moi, mon âme c’est moi et mon esprit c’est moi. Jean le Baptiste venait dans l’esprit d’Elie mais n’était pas Elie puisqu’il avait un corps différent d’Elie et une âme différente ; c’était Elie en esprit non en personne. Ces 3 composants sont ce qui fait notre individualité, notre personne. Ils sont bien distincts et peuvent même être opposés. En effet nous les chrétiens nés de nouveau nous sommes une contradiction vivante puisque d’un côté nous sommes pécheurs et de l’autre nous sommes saints. Les non régénérés n’ont pas ce problème constant ; ils sont tout simplement des pécheurs, et il n’y a pas de contradiction dans leur vie, ils suivent leur nature pécheresse et leurs œuvres sont conformes à cette nature, c'est-à-dire des vêtements souillés : Es. LXIV ; 6. Ils n’ont qu’une nature corrompue et ne ressentent pas le dilemme des élus dans leur vie quotidienne. Bien sûr de temps en temps leur conscience les gêne mais elle n’est pas le directeur de leur vie. Nous les saints aimerions être totalement saints mais c’est impossible dans ce corps naturel qui continue d’être un corps où se loge la mort et le péché et de là continue d’infecter ou d’affecter dans le meilleur des cas, notre âme qui est la « pièce » intermédiaire entre le corps et l’esprit.

     Notons la différence essentielle entre le corps et l’esprit. Le corps est totalement centré sur ses besoins : manger, dormir, boire, digérer, copuler etc. Il est complètement centré sur lui-même. L’esprit du croyant est au contraire complètement  centré sur Dieu, sur sa relation avec Dieu. L’esprit n’est pas intéressé par des choses matérielles, social, ni même morales. L’esprit vit en Dieu et Dieu le Saint-Esprit vit en lui. L’âme quant à elle, est la jointure entre ces 2 éléments qui forment notre personnalité et elle est peut être intéressée dans les choses terrestres, et alors elle est souvent appelée « chair » dans les Ecritures ou dans les choses célestes.

    

     Ce qui a été vivifié et régénéré dans la nouvelle naissance c’est l’esprit non l’âme comme s’imaginent à tort les dichotomistes. Ro.VIII ; 16 dit : « L’Esprit Lui-même rend témoignage à  notre esprit que nous sommes enfants de Dieu”. Le Saint-Esprit ne s’adresse pas l’âme; ce n’est pas un raisonnement logique ou une récitation d’un Crédo qui nous assure de notre adoption en Christ comme chez les catholiques, ce n’est pas non plus une émotion ou un frisson qui nous parcoure l’échine qui nous assure cette adoption comme chez les pentecôtistes, ce n’est pas non plus notre résolution à nous engager dans une dénomination ou dans un culte personnel qui nous donne ce témoignage, le témoignage du Saint-Esprit ne s’adresse ni à l’intellect, ni à l’émotion, ni à la volonté, son témoignage s’adresse à l’esprit car Il illumine notre conscience de ce que Jésus-Christ est notre Seigneur personnel et notre Dieu fait Homme,  car Il change notre disposition naturelle qui était inclinée au péché en une disposition surnaturelle qui a soif de sainteté, de pureté (1 J.III ;3, Ps.XVII ; 15), car Il nous fait comprendre sa Parole et Sa volonté d’une façon intuitive.  Par ce verset 16, cité plus haut nous voyons clairement qu’être fils de Dieu n’est pas quelque chose liée à un rituel comme se l’imaginent les juifs, les catholiques, les anglicans et d’autres sectes. Ce n’est pas une cérémonie de circoncision ou de baptême d’eau qui nous confère cette adoption divine. Ce n’est pas quelque chose d’animique, c’est-à-dire basé sur la pensée, l’émotion, la volonté, qui au moyen de la culture, de la tradition, de la discipline, nous confirme notre filiation avec Dieu. Le témoignage est totalement spirituel : de l’Esprit Saint à l’esprit humain. « Dieu est Esprit et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité ». Ce témoignage ne s’adresse pas aux pouvoirs de l’âme mais aux pouvoirs de l’esprit, et bien que nous ne comprenions pas le pourquoi, nous savons intuitivement non seulement que Jésus est notre Seigneur et Sauveur mais aussi que la Bible est la Parole infaillible de Dieu, et nous désirons l’entendre et nous soumettre à ces commandements. Notre conscience est liée à ce que dit la Bible, notre esprit clame comme Martin  Luther  cité devant l’empereur Charles Quint a la Diète de Worms en 1521 : « Moi je suis lié par les textes de la Bible ; ma conscience est prisonnière de la Parole de Dieu ».Ce que nous comprenons dans la Bible est ce qui régit notre conscience : « Celui qui est de Dieu écoute la Parole de Dieu ». Cette écoute de la Bible n’est pas physique, ni intellectuelle, bien qu’elle passe par ces organes, elle touche en fait la partie haute de l’homme : son esprit, et modèle sa conscience, dispose son attitude vers la piété, et réveille sa perception  des vérités qui lui sont exposées d’une façon intuitive. Voici ce que nous inculque le témoignage du Saint-Esprit à notre esprit : « Ta Parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier » et encore : « Dans Ta Lumière nous verront la lumière  ». Celui qui reçoit le témoignage du Saint-Esprit dans son esprit soumet sa raison à la Parole de Dieu, celui qui reçoit la Parole de Dieu seulement dans son âme, soumet la Parole de Dieu à sa raison ; il L’adapte à sa culture,  à son environnement,  à ses goûts,  à sa chair. Celui qui a été régénéré dans son esprit, (et cela a lieu en un clin d’œil), est amené ensuite plus ou moins rapidement à une transformation de son âme. Le trichotomisme est la doctrine qui donne une compréhension claire du processus de régénération et de sanctification. En effet si l’âme était complétement régénérée dans la nouvelle naissance j’aurais des doutes plus que sérieux sur ma conversion ou sur la vôtre, surtout quand je vois mon empressement pour aller à la pêche ou votre enthousiasme pour le Mondial de football ! La Bible dit que la Parole de Dieu est vivante et efficace et plus tranchante qu’une épée quelconque  à double fils ; elle pénètre jusqu’à diviser âme et esprit, jointures et moelles, (Hb.IV ; 12) ; cela veut dire que dans la nouvelle naissance il y a une déchirure qu’opère le Saint-Esprit par la Parole de Dieu. En effet avant cette opération du Saint-Esprit, notre âme est l’élément dominant qui est au service du corps et des passions charnelles, pendant que l’esprit est endormi, mort, inactif pour ce qui concerne le service dû à Dieu. (Les médiums, les sorciers, les devins ont par contre un esprit qui les manipule, mais ce n’est pas leur esprit, c’est un démon et cela débouche sur la destruction et la mort). Dieu est Esprit, et dans la nouvelle naissance le Saint-Esprit se communique à l’esprit de l´homme, le vivifie et y fait sa demeure éternelle (J. XIV ; 16), ce qui produit une émancipation de l’esprit par rapport à l’âme. L’esprit cesse d’être étouffé par l’âme, et est appelé à prendre le contrôle de tout notre être ; nous sommes appelés à marcher en esprit et donc à cesser de satisfaire les désirs de l’âme. Commence donc une nouvelle vie pour le converti où les fonctions de son esprit en communion avec le Saint-Esprit commencent à manifester leurs activités, qui sont en contraste avec les activités des fonctions de l’âme.  Alors les jointures, (l’âme est jointure entre le corps et l’esprit) et les moelles, (l’esprit est moelle, car il est le centre de l’homme, là où réside sa vie spirituelle) se révèlent comme 2 choses bien distinctes et un nouvel ordre s’établit dans la vie du croyant. Ce nouvel ordre est le processus de sanctification qui fait qu’étant au départ une âme vivante nous devenions à la fin un esprit vivifiant : 1 Cor.XV ; 45. Cela ne veut pas dire évidemment que l’âme est éliminée, sinon qu’elle cède la place à l’esprit dans la direction de notre être. Nous sommes et serons pour l’éternité: corps âme et esprit. Nous croyons aussi à la résurrection du corps au retour de notre Seigneur Jésus. Notre constitution est une unité en 3 éléments, un peu comme Dieu est 1 en 3 personnes (bien que la comparaison soit déficiente). Ce qui change principalement dans la régénération du Saint-Esprit c’est l’ordre nouveau qui est établi dans la personne élue. L’esprit de l’homme a été activé ou vivifié, et il est devenu parfaitement apte pour communier et recevoir les communications du Saint-Esprit. C’est le seul élément qui est parfait à la nouvelle naissance. Cela ne veut pas dire qu’il a développé toutes ses fonctions et ses qualités, cela veut dire qu’ils les possèdent toutes en puissance, comme un bébé est un homme complet en puissance, si sa croissance s’effectue correctement. Une fois régénérés nous avons un esprit renouvelé, en communion constante avec le Saint-Esprit qui y a fait sa demeure. Notre esprit est le lieu très saint du temple vivant où loge le Saint-Esprit. L’âme n’est transformée que partiellement dans la nouvelle naissance et quant au corps il n’est pas affecté par la nouvelle naissance ; il reste sujet  à la corruption,  à la maladie, à la vieillesse et à la mort. Le Saint-Esprit n’a de contacts directs qu’avec l’esprit de l’homme, bien que l’âme soit comme le lieu saint et le corps comme le parvis du temple juif, lequel est en fait une métaphore de l’Homme céleste. C’est pourquoi Gal. V ; 16 nous dit : « Marchez selon l’esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit et l’esprit  en a de contraires à ceux de la chair ; et ils sont opposés entre eux… ». Dieu en effet nous révèle sa volonté dans l’esprit, et donc ce verset nous fait l’injonction de marcher en esprit. Le désir de la chair c’est que notre âme souhaite selon ses goûts  et ses raisonnements. Le désir de l’esprit du croyant régénéré c’est de suivre la volonté de Dieu qui est nous est communiquée par l’intuition et confirmée par la conscience. Il y a donc une lutte entre la volonté naturelle de l’âme ; ce que l’Ecriture nomme souvent : la chair, et la volonté de l’esprit qui spontanément cherche à suivre le Saint-Esprit qui l’habite et le dirige. Cette lutte entre la chair et l’esprit est constante. Notre devoir est de suivre de façon spontanée ce que dicte notre conscience laquelle est éclairée par notre intuition qui seule est capable de percevoir la volonté de Dieu. Cette volonté nous est révélée dans la Bible, et cela donc implique que notre intellect a aussi son rôle à effectuer. Si bien l’âme est subordonnée à l’esprit, elle n’en est pas moins un instrument utile. Tout comme  la main porte la nourriture à la bouche, ainsi l’intellect qui est un élément de l’âme, porte l’aliment de la Parole de Dieu à l’esprit qui intuitivement la comprend, et ensuite passe l’information à la conscience qui à son tour perfectionne la disposition du croyant envers son Sauveur. Il y a donc une coopération intelligente entre les fonctions de l’âme et de l’esprit quand l’esprit domine l’âme. Quand l’esprit n’est pas ferme dans sa domination, un conflit s’établit et l’âme essaie de reprendre le pouvoir qu’elle a perdu dans la nouvelle naissance. C’est un peu comme dans les couples modernes où l’homme a perdu son autorité et l’épouse en profite pour prendre le contrôle, et bientôt c’est les disputes et le divorce qui se profile à l’horizon, ou sinon c’est le spectacle du mari qui n’est plus le seul  à porter le pantalon et qui en fait ne peut satisfaire son épouse, qui dans le fond a besoin d’un mari qui la protège la rassure et pourvoie aux besoins spécifiques à son genre. Tout comme la femme a été faite pour l’homme comme une aide idéale, ainsi est l’âme pour l’esprit du croyant régénéré, s’il marche en esprit ! C’est pourquoi la coopération de l’âme est requise pour l’esprit dans son développement et profite à l’âme en la purifiant de ses désirs charnels. Récapitulons et développons un peu plus le thème.

     Nous sommes une trichotomie ; 1 personne en 3 éléments. A la nouvelle naissance, quand nous sommes baptisés par le Saint-Esprit au moyen de la Parole de Dieu, notre esprit est illuminé, renouvelé et sans tâches ni défauts ; parfaitement apte pour la communion avec Dieu. Cette communion permanente avec le Saint-Esprit qui habite en nous, affecte aussitôt l’âme qui entre dans un processus de sanctification graduelle, de rénovation progressive  plus ou moins rapide suivant chaque cas. Le corps lui reste pareil : « Un sac puant » disait Luther. La résurrection de l’esprit est donc instantanée, tout comme le sera la résurrection du corps au dernier jour, tandis que l’âme subit une transformation progressive qui s’achèvera totalement après qu’elle se soit séparée du « sac puant ». Il n’y a donc pas à se préoccuper outre mesure du corps car comme dit l’Ecriture : « L’exercice physique est utile à peu de choses, tandis que la piété est utile à tout, ayant  promesse pour la vie présente et pour celle qui est à venir », (1 Tim.IV ; . La préoccupation essentielle étant de le garder de la fornication qui est le seul péché qui le contamine : 1 Cor.VI ; 16.

      Ce qui importe c’est la croissance de notre esprit : l’intuition doit être de plus en plus fine, la conscience de plus en plus sensible, et la disposition de plus en plus diligente. Quant à l’âme elle doit soumettre ses affections, son intelligence, sa volonté à l’esprit. L’âme soumise à l’esprit aide à son développement comme l’affirme Ro.XII ; 2 quand il dit : « soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence », renouvellement qui s’effectue par l’étude et la méditation de la Bible, et cela aussi est impliqué dans Eph.IV ; 23 quand il parle d’être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence. L’intellect participe donc à la croissance spirituelle, et cette croissance spirituelle à son tour modèle l’âme en la purifiant de ses appétits charnels. Cette coopération entre âme et esprit a pour plateforme la Parole de Dieu car les paroles de l’Ecriture sont esprit et vie. L’esprit vivifié sent, désire et reçoit les choses de Dieu, mais sans l’entendement, sans l’intellect, il ne peut les manifester et les mettre en pratique d’une façon édifiante pour les autres. Par exemple ; le Saint-Esprit m’a illuminé  il y a  presque 30 ans au cours de la lecture d’Ap. XIII, et j’ai su en une seconde que la TV est l’image de la bête. Je l’ai su intuitivement, mais j’ai eu besoin de le comprendre avec mon intellect pour pouvoir ensuite communiquer à mes frères cette révélation, qui s’adresse d’abord à leur intelligence et qui peut être sera reçue dans leur conscience... Pareillement l’intelligence a besoin de l’esprit, de son intuition, pour comprendre le sens véritablement utile de la Parole de Dieu, c’est-à-dire qui nous édifie spirituellement. Sans l’intuition la connaissance reste vaine ; c’est lettre morte, car la chair ne sert à rien (c’est-à-dire la raison humaine dans son état naturel et déchu), c’est l’esprit qui vivifie, car « la lettre tue mais l’esprit vivifie » : 2 Cor. III ; 6. L’intelligence spirituelle est ce qui nous sert à marcher d’une manière digne du Seigneur : Col. I ; 9. L’intelligence naturelle est utile pour les sciences de la matière, pour l’étude des microbes et des galaxies,  mais la science du Très Haut, requière une intelligence qui n’est ni naturelle ni académique car « de Jéhovah vient la sagesse et de sa bouche la science et l’intelligence ». Combien d’érudits et même de théologiens se penchent sur la Parole et confondent le Saint-Esprit et l’eau du baptistère en affirmant que le sceau du salut est dans un rituel ! Analysez un peu les erreurs épouvantables d’Augustin et d’Origène quand ils se mettent à parler de sacrements et de sacrifices cérémoniels, et vous comprendrez que l’intelligence basée sur l’érudition et la tradition est bien plus dangereuse que la crasse ignorance d’un idolâtre qui danse autour de son totem ! Si l’érudition accompagne l’intelligence, elle est utile bien que nullement indispensable. Pour ce qui est de la tradition il est toujours prudent de se méfier d’elle, de la soupçonner constamment de mettre des bâtons dans les roues, et d’être prêt à la supprimer dès qu’elle bloque l’accès a la connaissance de la vérité.  Le fait est que l’intellect tout seul ne peut sonder les Ecritures ; sans un esprit vivifié il reste à la surface.

     Il y a une interdépendance entre l’esprit et l’âme. En effet l’esprit vivifié se développe au moyen de la Parole de Dieu qui est d’abord analysée en surface par l’intellect, puis assimilée par l’intuition laquelle est illuminée par le Saint-Esprit. C’est pourquoi Dieu nous ordonne que la Parole de Christ demeure en abondance en nous. Une pensée imbibée de la Parole de Dieu est aussi le moteur d’une purification de l’âme, puisque les sentiments, et la volonté suivent la pensée : « tout comme il pense en son cœur, ainsi est l’homme » dit l’Ecriture. La pensée est la forteresse de l’âme ; si ta pensée est modelée par la Parole de Dieu, ton cœur et ta volonté seront tournés vers Dieu. Mais pour que cela arrive il faut d’abord que l’esprit de l’homme agisse en conscientisant le chrétien de l’importance de la méditation constante de la Bible. De même un esprit régénéré sans l’aide d’une pensée modelée et occupée par l’étude de la Parole de Dieu ne peut croitre. Une pensée qui ne reçoit pas l’aide de l’intuition et qui n’écoute pas la voix de la conscience peut devenir ennemie de la Parole de Dieu bien qu’elle soit occupée dans l’étude des Ecritures, car elle ne reçoit que la lettre morte. Cette personne tombe dans le légalisme, ou dans le libertinage ou dans le fanatisme. Sa pensée s’appauvrit  et s’empoisonne. Bien souvent un médicament peut devenir un poison et vice-versa, c’est une question de posologie. De même la Parole de Dieu pour qu’elle soit vie, il faut qu’elle soit assimilée par l’esprit pas par l’intellect, mais c’est l’intellect qui présente la Parole à l’esprit.

     La vie chrétienne consiste à marcher en esprit, ce qui revient à dire qu’il faut être fermement disposé  à suivre la voix de sa conscience et son intuition, choses qui requièrent un renouvellement ou un perfectionnement constant par une étude de l’Ecriture. Je suis passé par la triste expérience durant les 10 premières années de ma vie chrétienne d’avoir un esprit vivifié mais non alimenté par une pensée nourrie de la Parole de Dieu. Le résultat fut logiquement désastreux et la croissance nulle. Je perdis 10 ans de ma vie à marcher selon la chair alors que j’étais équipé depuis ma nouvelle naissance pour marcher en esprit. J’étais héritier de la promesse de la vie éternelle en Christ Jésus, mais j’étais charnel : un bébé dans la foi comme dit 1 Cor.III ; 1. Je croyais en Jésus-Christ comme mon Dieu et mon Sauveur mais je ne savais pas ce qu’est l’Evangile. En effet je croyais en un salut basé sur les œuvres en plus de la foi, et même pas les œuvres de la loi puisque je ne connaissais pas complètement le Décalogue ! Etant chrétien, j’étais complétement inutile pour la cause de Christ ! Satan se réjouissait sur mon cas jusqu’à ce que le Saint-Esprit me mette en contact avec les écrits d’un certain Martin Luther… Luther m’enseigna ce qu’est l’Evangile véritable de la grâce de Dieu ; du salut par la foi sans les œuvres : « Sola Fide », et l’importance ainsi que l’autorité suprême de la Bible : « Sola Scriptura », et depuis ma croissance spirituelle a pu démarrer normalement, ce qui ne fait pas rire le diable !

     Jacques  IV ; 12 nous montre que les chrétiens peuvent commettre des péchés atroces comme la fornication, l’adultère, l’assassinat etc. Beaucoup s’ils voient qu’un chrétien tomber dans de tels péchés, juge ce cas et déclare que ce pauvre individu n’est pas chrétien. Mais tomber dans un péché n’est pas le pratiquer, et là où la conscience n’a pas été illuminée par la Parole de Dieu pour discerner le bien du mal, Dieu n’impute pas la faute à son enfant. En effet la loi est écrite dans la conscience du croyant, mais là où il n’y a pas de loi il n’y a pas de péché. Et la loi pour être inscrite dans la conscience doit d’abord été présentée à celle-ci par l’intellect qui se penche sur l’Ecriture. C’est pourquoi ne jugeons pas précipitamment un frère comme nous dit Jcq.IV ; 11 et 12. Un enfant en Christ ne peut avancer tout seul ; il a besoin de l’enseignement des anciens, des maitres que Dieu a institués pour leur perfectionnement pour l’édification du Corps de Christ. Maitres qui sont aujourd’hui très peu nombreux…

      Le chrétien courant marche selon son âme et non selon son esprit. La nature qui le dirige est animique et non spirituelle, et il suit donc ses émotions quand il est pentecôtiste et son intellect quand il est méthodiste ou presbytérien. Néanmoins s’il croît et capte la relation qui existe entre âme et son esprit, il sera capable de marcher en esprit et de discerner la vérité que l’enseignement traditionnel ignore trop souvent. Sa conscience sera attachée au Sola Fide et Sola Scriptura de la Réforme protestante du fait que sa raison illuminée par l’intuition aura découvert ce principe de base dans son étude de la Bible. Marcher en esprit c’est avoir une conscience captive de l’Ecriture qui a été comprise par une intelligence spirituelle, et la suivre coûte que coûte. Ce qui commande c’est la conscience, et ce qui la soutient et l’alimente c’est la raison quand elle est illuminée par l’intuition dans son étude de la Parole de Dieu. La régénération commence dans l’esprit, puis se communique à l’âme et termine dans le corps par sa résurrection.

     Il ne faut pas oublier que l’âme, et spécifiquement l’intellect, est essentielle  pour la croissance spirituelle. On sait intuitivement les choses de Dieu, et ensuite on les comprend mentalement par les Ecritures. La Parole de Dieu doit passer normalement par la pensée pour arriver à l’esprit, lequel du fait de sa communion intime avec le Saint-Esprit reçoit la révélation de la signification spirituelle de la Parole. L’intellect reçoit le « logos », et l’esprit l’assimile par l’action du Saint-Esprit, et ce logos devient alors « rhéma », lequel renouvèle la pensée et la transforme, laquelle  à son tour est capable de puiser encore plus profond dans les Ecritures l’eau de vie qu’elle amène de nouveau à l’esprit. C’est analogue à l’activité de nos mains qui fournissent le pain à la bouche, qui une fois assimilé fournit des forces pour l’activité de nos mains, qui de nouveau fournissent le pain à la bouche et ainsi de suite. En effet on trouve dans le NT en grec, 2 termes pour traduire : parole. « Logos » c’est la parole objective, présentée à tous, et « rhéma » c’est la parole subjective qui a un message personnel pour celui qui la reçoit intérieurement, qui l’assimile correctement.

     Le cœur de l’homme, comme l’explique Watchman Nee dans son livre « L’homme spirituel », est donc la connexion entre l’esprit et l’âme, et cette connexion s’effectue principalement dans la relation intime qui existe entre ta pensée et ta conscience. Là est notre moi véritable. Nee dit : « c’est comme un centre de communications téléphoniques où convergent et se connectent toutes les lignes. Tout ce qui entre dans l’esprit provient du cœur. C’est pourquoi le cœur est le point de contact de toutes les communications. L’esprit se met en contact avec l’âme par le cœur, et par le cœur l’âme transmet à l’esprit ce qu’elle a recueilli au-dehors. Le cœur est le lieu où se trouve notre personnalité ; c’est notre véritable moi ». 

     Celui qui ne discerne pas ces processus, ne discerne pas l’esprit de l’âme ; il sera guidé soit par ses sentiments et ses émotions, soit par sa raison, son intellect. S’il est véritablement Chrétien né de la Parole et de l’Esprit, il ne perdra pas son salut pour autant, mais il perdra du temps (un temps précieux car limité), chutera très souvent, sera facilement trompé par le diable, et peut même être livré a Satan pour destruction de la chair afin que l’esprit soit sauvé au Jour du Seigneur : 1Cor.V ; 5. Comme l’âme est la jointure entre le corps et l’esprit, elle est naturellement conditionnée au départ par le corps. Seulement à partir de la régénération spirituelle, de la nouvelle naissance, commence-t-elle à être modelée et soumise à l’esprit au moyen de la Parole de Dieu. L’âme quand elle est au service du corps et de ses intérêts terrestres est charnelle, elle est chair, et elle n’est pas détruite dans la nouvelle naissance sinon qu’elle perd le poste de commandement et doit être crucifiée quotidiennement pour ce qui est de ses aspirations charnelles.

     « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses anciennes sont passées ; voici toutes choses sont faites nouvelles » dit 2Cor.V ; 17.  Beaucoup s’imaginent  en lisant ce verset que cela concerne aussi l’âme et ensuite souffrent désillusion après désillusion. La nouvelle création se trouve dans l’esprit pas dans l’âme ; il y a une nouvelle vie dans l’esprit et la conscience est éveillée à la réalité absolue, l’intuition est activée, et la disposition est pieuse. Il y a  dès lors une relation véritable avec Dieu et elle est sous le pacte de la grâce et sous la loi de la liberté. Voilà ce qui est nouveau et qui n’a plus de relations avec les vieilles choses. Pour ce qui est de l’âme bien qu’il y ait  de nouvelles choses qui la transforment, les choses anciennes sont encore là et il s’agit d’être sur ses gardes ; de marcher en esprit. Prenons un exemple pour illustrer ce que j’essaie de faire comprendre à mes lecteurs et que m’a expliqué Nee.

     Supposons que tu es membre d’une église dont la doctrine est saine ; disons baptiste et calviniste, et tu es en communion avec tes frères, et tu te réjouis dans le Seigneur. Hélas un jour une femme monte en chaire et commence à prêcher la saine doctrine du salut par la grâce. Mais toi tu sais par l’Ecriture qu’il est interdit à la femme d’enseigner et d’avoir autorité sur l’homme, (1 Ti.II ;12), Ta conscience aussitôt réagit et proteste, tandis que ton affection pour la congrégation te pousse à ne pas troubler la paix puisque personne ne réagit ouvertement contre cette flagrante usurpation d’autorité. D’un côté donc ta conscience instruite par la Parole de Dieu t’ordonne de t’opposer à cette rébellion, et de l’autre la pensée moderne et une certaine affection te poussent à ne rien dire au milieu de l’assemblée. Que feras-tu à la fin du compte? Suivras-tu ta conscience et la Parole de Dieu ou tes sentiments et la pensée moderne? Marcheras-tu selon la chair ou selon l’esprit ? Si tu es un croyant charnel, c'est-à-dire animique, tu resteras assis et tu diras même « Amen » au sermon de Jézabel (Ap.II ; 20). Si tu es un croyant spirituel tu suivras ta conscience, et tu te lèveras devant tous et te dirigeras vers la porte de sortie. Le chrétien animique suit ses sentiments et les raisonnements de la pensée moderne, le chrétien spirituel suit spontanément sa conscience modelée par la Bible selon la révélation personnelle qu’il a reçue du Saint-Esprit par le canal de son intuition, et non par le séminaire biblique où  il a étudié. (Séminaire qui maintenant reçoit et forme les Jézabel !) Ce n’est donc pas si compliqué que ça de marcher en esprit. C’est douloureux bien souvent, mais c’est simple dans le fond. Suis ta conscience et modèle-la par la Parole de Dieu, et tu marcheras en esprit ! Jésus dit dans Luc IX ; 24 ; « Quiconque veut sauver sa vie la perdra, y quiconque perd sa vie à cause de moi la sauvera ». La vie de l’incroyant et du croyant nouveau-né tourne autour de son âme, de son égo. Ce qui le dirige ce sont ses pensées, ses sentiments, ses desseins. Tout cela doit être crucifié et céder la place aux exigences de la conscience, à la direction de l’intuition,  à la dévotion spontanée ; choses qui sont toutes le fruit de la présence du Saint-Esprit dans notre esprit, et nous transforment jusqu’à que nous ayons la pensée et le raisonnement de Christ.

     Comme je l’ai déjà dit, nous croyons en un salut éternel par la foi qui exclue toute œuvre, car si c’est par grâce ce n’est plus par œuvre comme dit Ro. XI ; 6. Cependant je crois que beaucoup entreront au ciel avec une odeur de roussi tandis que d’autres auront une couronne ; Jude 23 et  2 Ti. IV ; 8. Bien sûr que comme  dit Paul : la couronne est le résultat de la grâce qui opère en nous, mais nous trichotomistes savons que l’odeur de roussi est le résultat d’une vie animique. Tout donc dépend à notre niveau, du discernement que nous avons entre les vertus de l’âme et celle de l’esprit, et la place que nous leur attribuons. Celui qui ne discerne pas l’importance de la prédominance de l’esprit sur l’âme ne pourra hériter la couronne, n’aura pas une entrée ample dans le Royaume de Dieu. Celui qui discerne ces choses, aura comme Luther sa conscience prisonnière de l’Ecriture et pourra remplir sa mission.

    Je me suis efforcé dans cet article à exposer ce que j’ai appris en lisant Nee, et en analysant ma propre expérience ; c’est la partie la plus facile de la tâche qu’il nous reste à remplir ! Le plus difficile n’étant pas de marcher en esprit, mais surtout d’être vigilant pour ne pas marcher selon la chair, qui est l’alliée naturelle du monde,  qui est vendue au péché et manipulée par le diable. Au reste, frères, comme dit  1 Thes.V ; 23 : « Que le Dieu de paix vous sanctifie Lui-même tout entiers, et que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps soit conservé irrépréhensible, lors de l’Avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est Lui qui le fera » !.

 
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