Radicalement Protestant
  CECI EST MON CORPS
 

CECI EST MON CORPS

      Cet article est le résultat d’une prière que je fis il y a une dizaine d’années. Prière par laquelle je demandai au Seigneur de me révéler l’interprétation de la Cène. Ce jour-là nous nous disposions avec mon épouse à aller à l’église baptiste et participer à cette ordonnance, mais dû à de mauvaises conditions climatologiques, nous ne pûmes réaliser notre souhait. Cependant ce jour-là je reçu quelque chose de mieux que de participer à ce rituel ; je pus comprendre,  en relisant bien les passages qui traitent de ce sujet, l’enseignement qui en découle, et cela m’a réconforté tellement que je ne suis plus inquiet depuis, pour le fait que je ne participe plus à ce rituel !

     Récemment j’ai reçu de la part d’un frère un article de Michel Cournoyer, un québécois, qui me semble-t-il est pasteur d’une congrégation locale indépendante. Cournoyer racontait dans cet article que durant des années il avait participé à cette cérémonie par tradition mais sans conviction réelle sur son utilité et ses bienfaits. Il le faisait car tous les chrétiens le font, mais en son âme et conscience il n’en ressentait pas les bénéfices, que selon les églises nous devons en tirer, ni n’en voyait pas vraiment l’intérêt, Son inquiétude grandit jusqu’à ce qu’il trouvât une interprétation de la Cène qui il est vrai ne m’a pas convaincu.

     Cournoyer dit que notre Seigneur n’a pas institué un acte commémoratif sinon qu’Il a voulu dire que chaque fois que nous mangeons ou nous buvons nous devons partager, comme Lui a partagé sa vie et l’a donnée pour nous. Quand il rompit le pain et le donna à ses disciples c’était leur donner seulement le modèle d’une attitude que nous devons avoir dans tous nos actes quotidiens.  Je partage l’état d’esprit et l’attitude de Cournoyer au regard de la sainte Cène, mais son interprétation me parait tirée par les cheveux, car même sans prendre en considération la tradition, il me parait évident que selon le récit biblique la Cène est présentée comme un acte commémoratif ; « vous mangez ce pain… vous buvez cette coupe » n’est  pas : « quand vous cassez la croute et que vous buvez un coup » comme l’interprète Cournoyer. C’est quelque chose de très précis, de très spécifique. On trouve souvent dans les Ecritures des références à la coupe du Seigneur dans l’AT comme dans le NT ; et cela a toujours un sens particulier et solennel.

     La sainte Cène a été une pierre d’achoppement depuis le début. En effet 2 ou 3 siècles  après J-C, les grands  théologiens de l’époque patristique commencèrent à attribuer aux anciens qui répartissaient le pain et le vin des rôles de sacrificateurs spéciaux, et aux éléments des vertus nouvelles. La commémoration de la Cène du Seigneur devint un sacrifice incongru, et bientôt apparut la transsubstantiation diabolique de l’antéchrist romain.

    Quand la Réforme protestante éclata, le concept de transsubstantiation fut aboli dans le camp protestant mais la position de Luther choqua contre celle de Zwingli à Marbourg en 1529 lorsqu’il y eut une tentative d’union des divers courants du protestantisme naissant. Luther aurait pu s’entendre avec Calvin mais le symbolisme pur que soutenait Zwingli choqua contre la consubstantiation de Luther. Chacun élabora sa conception de ce rite et les  luthériens des générations suivantes s’épuisèrent  entre eux dans des controverses sans fin sur la façon de comprendre la présence réelle du Christ dans ce sacrement. Ce fut une cause de division et reste aujourd’hui un cause de perplexité chez beaucoup de protestants qui aiment comprendre ce qu’ils font, et ne pas  suivre les yeux fermés la tradition réformée.

    J’avoue que cela m’a couté aussi des années pour enfin comprendre ce que signifie ce rite pour le chrétien, et ce qui m’a illuminé ce sont les paroles que l’on trouve dans 1 Cor. XI ; 26 : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe VOUS MONTREZ la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne », (version anglaise du roi Jacques). La clef du “mystère” se trouve dans cette expression : « vous montrez », traduite en français par : « vous annoncez ». En effet le fond du problème dans la compréhension de la Cène est le but pour lequel elle a été instituée. Le sacramentalisme qui dès le 2eme siècle transforma ce rite en une sorte d’aliment spirituel pour ceux qui y participent ; aliment dont les vertus différaient suivant les concepts jusqu’à devenir l’ahurissante et magique transsubstantiation catholique, fit que les croyants perdirent de vue le motif pour lequel la Cène fut institué. Ce motif c’est pour montrer la mort du Seigneur pas pour s’alimenter spirituellement. Pour s’alimenter spirituellement il nous faut suivre le Saint-Esprit qui nous dit dans 1 P.II ; 2: «désirez ardemment comme des enfants nouveau-nés le lait non frelaté de la Parole de Dieu afin que par lui vous croissiez… ». 

     L’ingrédient de base pour le mystère de l’iniquité qui déjà était à l’œuvre durant les jours de l’apôtre Paul était le ritualisme, et plus précisément le sacramentalisme. Que ce soit le baptême d’eau ou la Cène, l’erreur fatale qui peu à peu fut introduite était de faire croire aux chrétiens que ces rites avaient pour but principal l’édification des croyants nés de nouveau. Personne ne nie que cela puisse être d’édification de participer à ces rites, mais pour ce qui est de la Cène, il est évident qu’elle a été instituée essentiellement  pour montrer la mort du Seigneur et ses bénéfices pour ceux qui croient en Jésus-Christ crucifié pour nos péchés et ressuscité pour notre justification. Le sacramentalisme induit les croyants à penser que le sacrement nourrit et fait croitre l’homme intérieur, mais c’est un mensonge ! Là est le piège : une fois que l’on croit que notre croissance spirituelle passe par un rite, la religion véritable qui consiste à adorer Dieu en esprit et en vérité a été souillée par la superstition, qui introduit des éléments matériels dans le domaine immatériel de l’esprit et de la vérité. Lisez Augustin, Luther, Calvin et d’autres théologiens très capables et qui ont été donnés à l’Eglise pour son édification, et vous verrez que quand ils arrivent au thème des sacrements ; ils tombent tous dans des contradictions évidentes qu’ils essaient par des pirouettes dialectiques et leur grande érudition d’occulter. Augustin parle de sacrifice et de sacrificateurs spécialement consacrés pour rompre le pain, Luther parle de consubstantiation, ou d’eau qui lave le péché, Calvin parle de nouvelle circoncision chrétienne  pratiquée sur les enfants avec une aspersion d’eau, ou de recevoir véritablement dans la sainte Cène Jésus-Christ sous les signes du pain et du vin, et que véritablement il nous donne son corps et son sang : Institution livre 4, Chapitre XVII paragraphe 11. Calvin exprime la réalité de la Cène d’une façon très claire par moment, et de temps en temps revient à un certain mystère incompréhensible et à des expressions qui rappellent la transsubstantiation de l’antéchrist romain ou la consubstantiation de Luther, tout en les attaquant au chapitre suivant. En fait il ne peut se débarrasser du sacramentalisme qui depuis des siècles a infiltré la doctrine chrétienne, et il cafouille savamment! La seule façon de se débarrasser du sacramentalisme c’est de se rendre compte qu’aucun élément physique administré dans une cérémonie ne peut contribuer à notre édification spirituelle, et donc que cette cérémonie commémorative n’a pas pour but l’édification de ses participants mais l’édification de ses assistants ; ceux qui ni ne mangent de ce pain ni ne boivent de cette coupe.

     Ma compréhension de la sainte Cène est comme celle de Calvin dans les passages ou il parle clairement, et ne commence pas selon ses propres paroles : « à admirer et à adorer ce mystère, que ni la compréhension peut  capter ni la langue déclarer ». Pour ma part je ne vois pas de mystère dans la Cène, ni de vertus mystérieuses qui se communiquent aux participants. Le mystère a été révélé par le Saint-Esprit et c’est Christ en nous l’espérance de gloire. La Cène n’est qu’une façon de montrer aux autres ; à ceux qui ne l’ont pas reçu encore ou compris, comment Christ est entré en nous.

     La Cène est en fait un instrument pédagogique élémentaire, que le Seigneur a institué pour communiquer  à ceux qui sont intéressés par notre religion, les faits essentiels par lesquels nous vivons la vie nouvelle en Christ. Le pain c’est le corps, le vin c’est le sang et ces 2 éléments séparés montrent la mort réelle de notre Seigneur, car quand le corps est vidé de son sang il y a mort. Ensuite le fait de manger et de boire ces éléments montre que nous nous alimentons et nous réjouissons de cette mort substitutive. En effet tout comme le pain nourrit le corps humain et le vin rend allègre ; la mort du Messie nous communique la vie spirituelle éternelle avec une joie ineffable. Le fait que seuls les croyants peuvent manger de ce pain et boire de cette coupe indique que ces bénéfices sont limités à la famille de la foi. Ce rituel commémoratif a donc pour but de montrer aux sympathisants la base de notre religion qui est la mort de Jésus en notre faveur, mort qui nous communique la vie éternelle. C’est donc un prêche « audiovisuel », (si vous me permettez l’expression), sur la mort du Juste qui communique la vie aux croyants. La partie auditive étant les quelques paroles qui doivent être prononcée : « prenez ceci est mon corps…ceci est mon sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs », (Mc. XIV ; 22 et 24), et la partie visuelle étant les participants qui doivent être des croyants affermis, et le pain rompu  accompagné de la coupe de vin partagés et consommés. Pour le dire d’une façon actuelle : notre Seigneur Jésus a laissé à ses disciples une vidéo qui explique le pourquoi de sa mort, et la façon de s’en approprier les bénéfices qui sont vie et joie éternelles. Le CD sur lequel est enregistré cet enseignement sotériologique de base c’est le pain et le vin, et l’appareil qui fait voir le contenu du CD ce sont les disciples quand ils se réunissent pour cette commémoration. Les disciples eux-mêmes n’ont pas besoin de manger ce pain et boire cette coupe pour savoir que Jésus-Christ est en eux, car l’Esprit Saint rend le témoignage à notre esprit que nous sommes fils de Dieu. Ils sont nés de nouveau par la Parole de la croix qui fut appliquée par le Saint-Esprit à leur conscience. N’oublie pas que ceux qui participent à cette « prédication audiovisuelle » doivent être des croyants qui discernent l’allégorie vivante que sont le pain et le vin consommés par les membres du corps du Christ qui un beau jour reçurent la vie par la révélation de la mort du Juste pour les injustes. C’est pourquoi chez les corinthiens beaucoup furent châtiés par le Seigneur, car ils mangeaient sans comprendre le sens de ce rituel : 1 Cor. XI ; 27 à 30. La Cène est un prêche audiovisuel, mais si le prédicateur, le participant, ne comprend pas ; cela est une offense contre Christ, ce n’est plus une commémoration  pleine de révérence mais de la religiosité théâtrale. Pour prêcher l’Evangile ; que ce soit par la Parole exposée dans un sermon ou introduite dans une admonestation, ou que ce soit par la Parole exposée dans cet acte commémoratif, les prêcheurs doivent être des croyants nés de nouveau qui connaissent par expérience personnelle le thème qu’ils veulent enseigner. Prêcher l’Evangile dans une assemblée est réservé uniquement aux hommes ; les femmes et les enfants sont exclus de ce ministère public. Le ministère de la Parole est réservé à certains hommes choisis et capacités par le Saint-Esprit. Par contre prêcher l’Evangile de façon rudimentaire par l’acte commémoratif  de la Cène du Seigneur est un ministère universel, où  tous ceux qui sont nés de nouveau, femmes et enfants inclus, et qui ont compris que c’est par la mort de Jésus-Christ sur la croix du Calvaire qu’ils ont une vie nouvelle et éternelle,  peuvent participer activement à cette prédication.

     Ma conviction donc ; c’est que la Cène a été instituée comme un enseignement de base pour prêcher le salut par la foi qui se nourrit et se réjouit dans la mort du Sauveur en notre faveur. Tout prédicateur sait que son prêche ne se dirige pas à lui-même mais à ses auditeurs, et il espère qu’ils seront sauvés ou édifiés en esprit. Le prêcheur souvent tire des bénéfices et surtout des satisfactions de son ministère s’il est fidèle, et de même  ceux qui participent à ce prêche audiovisuel de l’Evangile tirent aussi une satisfaction réelle s’ils voient que les assistants invités à cet acte commémoratif sont convertis, ou captent la cause de leur salut, ou s’il voit que le cercle de ceux qui partagent ce pain et boivent ce vin s’est agrandi,  et donc que la communion des saints s’est étendue à un cercle plus grand… Mais cette satisfaction de prêcher de façon directe ou commémorative n’est pas le but de l’évangéliste ou des croyants réunis pour la Cène ; le but c’est prêcher l’Evangile et voir le cercle des disciples grandir. Le but de la Cène n’est pas de nous répéter entre nous les chrétiens affermis dans la foi et dans la doctrine, que Christ est mort pour nous et par là  croitre dans la connaissance et dans la grâce de Notre Seigneur. Le but ce n’est pas de nous montrer les uns aux autres la mort du Seigneur, puisque nous nous réjouissons tous les jours de cela dans notre méditation et notre lecture de la Bible. Le but est de montrer aux autres qui n’ont pas encore atteint ce salut ou cette compréhension du salut, ce par quoi nous vivons et par quoi nous nous réjouissons dans ce salut. Le but est de leur montrer la mort du Seigneur qui nous communique la vie et la joie éternelle quand nous l’assimilons par la foi.

     Si le but de la Cène était principalement l’édification des croyants, notre Seigneur n’aurait-il pas institué cet acte commémoratif devant tous les disciples, pour leur donner en plus des Ecritures et de la prière, un autre moyen de croitre dans la foi et dans la grâce ? Mais le fait est que cela fut institué à portes closes, et seuls les apôtres furent les participants. Or les apôtres étaient les seuls à ce moment qui avaient une connaissance plus approfondie que le reste des disciples, de l’enseignement du Seigneur et de sa Personne. Christ leur a donc donné à ce moment une méthode d’enseignement rudimentaire pour montrer de façon allégorique les vertus de la mort du Juste qui justifie les injustes et leur communique la vie éternelle, si on se nourrit de cette mort, si toute la foi et l’espérance sont basées sur cette mort. C’est donc une méthode de prédication à l’usage de ceux qui connaissent le Seigneur, afin qu’ils enseignent aux néophytes par cette méthode  “audiovisuelle”, les vertus de la mort du Sauveur pour ceux qui croient en Lui. Ce n’est donc pas une méthode d’édification personnelle du croyant, mais simplement une méthode d’évangélisation élémentaire.

     Si cela était d’un intérêt majeur pour l’édification des croyants, la Cène aurait figurée en bonne place dans l’évangile de Jean qui justement traite en profondeur les relations du croyant avec son Dieu et avec ses frères, mais ce n’est pas le cas puisqu’il ne parle que du lavement de pieds des apôtres qui pourtant s’effectua dans la même soirée que la Cène. Quant aux épitres, on trouve la meilleure explication de la Cène chez les corinthiens qui étaient connus pour leur manque de maturité, et qui avaient besoin d’être enseignés sur les rudiments de la foi et sa propagation.

     Le christianisme n’est pas une religion de mystères voilés sous deux sacrements, mais c’est une religion de mystères révélés par l’Esprit Saint au moyen des Ecritures. Tout comme il y a 2 pactes fondamentaux : le pacte de la Loi et le Pacte de la Grâce, de même il y a eu 2 mystères fondamentaux qui ont été révélés avec la première venue de Christ qui sont : la coparticipation des gentils avec les juifs dans la promesse de l’Evangile (Eph. III ; 6 et 7), et Christ en nous par le Saint-Esprit (Col. I ; 27 et 28). Il y a bien sûr d’autres pactes et d’autres promesses dans les Ecritures mais ils sont adjacents et ils ne sont pas les pivots de la relation de Dieu avec ses élus. (Laissons nos amis dispensationnistes établir des listes de pactes…) Or cette façon qu’ont eue nos théologiens de nous expliquer la Cène a toujours été imprégné de mystère. Calvin disait dans son Institution au livre 4, chap. XVII ; 7 : «… j’essaierai bien sûr, jusqu’où les paroles permettent  l’explication d’un tel grand mystère ; car je vois bien que je ne peux le comprendre avec mon entendement…Si grande est sa dignité et excellence, que je ne peux la comprendre. Et même si l’entendement peut aller au au-delà de ce que la langue peut déclarer et exposer, ce même entendement reste court, et ne peut arriver au-delà… » Bien évidemment que la présence en nous de Christ par le Saint-Esprit du fait de l’expiation est un mystère quant à l’amour qui s’y manifeste ; amour et humiliation de la part de notre Seigneur qui dépasse l’entendement. Mais dire cela de l’institution de la Cène qui n’a pour but que d’exposer succinctement le fait que nous vivons devant Dieu car Christ est mort à notre place et que sa mort est l’aliment et la joie de cette vie nouvelle qu’il nous a communiquée, est confondre la couverture du livre et son contenu. Cette confusion a été introduite depuis le début par Satanas et c’est l’ingrédient  substantiel du mystère de l’iniquité. Donner à la créature ou aux éléments un pouvoir qui n’appartient qu’à Dieu, est le tour de passe-passe que le diable utilise avec grand art. Attribuer à une cérémonie, à un saint, à un jour, à une manière, un certain pouvoir, c’est oublier que le pouvoir appartient a à Jéhovah exclusivement et que « de sa propre volonté, Il nous a engendrés par la Parole de vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures », (Jc. I ; 18). Nous espérons que Sa Parole agira à travers de l’acte commémoratif de la Cène, ou à travers de l’admonestation d’un saint, et que cela se passera  à un jour précis, d’une manière particulière,  mais le pouvoir est dans la Parole et non dans les circonstances qui l’entourent ! Le problème c’est quand on confond l’instrument et Celui qui l’utilise, et c’est ce que Satan s’ingénie à provoquer et cela s’appelle : le mensonge sacramentaire.

      Augustin définit le sacrement comme l’union de la Parole de Dieu avec les éléments. Le croyant biblique doit néanmoins rejeter une telle définition car Jésus a dit : « C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites son esprit et vie », (J. VI ; 63). En dépit du respect dû à ce grand théologien qui lutta pour la foi et les doctrines de la grâce, de la souveraineté de Dieu et de l’élection, nous ne pouvons accepter ce concept même de sacrement qui fait que la chair est unie à la Parole, et donc possède un pouvoir,  car c’est contredire la Parole du Seigneur Jésus. Le concept du sacrement est d’origine diabolique, et Luther ne put s’en défaire, ni Calvin, et aujourd’hui encore ; même si beaucoup d’églises évangéliques ont refusé d’adopter ce terme et ce concept, le remplaçant par le terme “ordonnance” ; un certain esprit sacramentaire y reste attaché,  ce qui n’empêche pas par ailleurs que dans la forme, la Cène ait été atrocement défigurée par du jus de raisin servi dans des gobelets personnels,  distribués par des hôtesses en minijupe ! Je dois avouer que moi-même jusqu’à ce jour acceptait ce terme et ce concept, mais peu à peu l’Esprit m’a dévoilé la réalité qui se cache derrière ce terme, et si bien j’accepte le concept d’ordonnance je ne lui accorde pas l’importance et la perpétuité que les églises lui attribuent.

     La raison pour laquelle je ne participe plus à la Cène ni ne la célèbre à la maison est d’ordre pratique, et ce n’est pas une sorte de rejet fanatique d’un acte commémoratif que notre Seigneur Jésus a lui-même institué. Ma conviction personnelle qui est admise par tous les protestants, est que la Cène est une manière de montrer la mort du Seigneur. Pour moi c’est un prêche en 3 dimensions, une sorte de “vidéoclip” que le Seigneur a donné à ses disciples véritables pour qu’ils le passent à ceux qui ne le sont pas encore, afin de leur montrer l’essence de la doctrine du salut. Je pense qu’Il y a 2 raisons majeures pour lesquelles cette commémoration a été instituée.

     La première étant qu’à l’époque de Jésus et jusqu’au XXème siècle la majorité des peuples des nations était analphabète. Excepté dans les pays protestants ;  savoir lire et posséder une Bible en langue vernaculaire était un privilège  réservé aux couches supérieures de la société. Le dessein de notre Seigneur fut certainement d’utiliser les éléments qui forment l’alimentation et la boisson  commune du peuple pour faire passer le message de base de l‘Evangile et le graver dans la pensée De cette façon le croyant maintenait dans sa vie quotidienne, cette méditation sur l’œuvre de Jésus sur la croix en sa faveur. Il se rappelait que tout comme le pain et le vin soutenaient sa vie naturelle, de même par sa foi dans le sang versé de l’Agneau sa vie spirituelle se maintenait. Aujourd’hui tout le monde sait lire et on est tellement habitué à voir des Bibles partout et accessibles dans toutes les langues que l’on croit que c’est naturel, que c’est normal. Mais c’est faux ; c’est un miracle de Dieu qui a provoqué la Réforme protestante au XVIème siècle, et a fait que l’antéchrist romain ne puisse continuer à bloquer la source de la connaissance de la vérité. Cela fait seulement 5 siècles que l’imprimerie a été inventée, que la Bible a été imprimée et que la Parole courre et est glorifiée d’une façon universelle. Ne pouvant bloquer ce courant de diffusion massive de la Parole de Dieu, le papisme s’emploie à le polluer par ses traductions œcuméniques et ses commentaires destructeurs en marge. Avant la Réforme les Bibles étaient peu nombreuse, en latin, et attachées avec une chaine  à l’autel des églises de l’antéchrist romain. Ainsi donc là où le peuple était sans Bible à la maison et analphabète, l’acte commémoratif de la Cène permettait d’inculquer aux néophytes les rudiments de notre sotériologie ! Pensez aussi aux millions d’esclaves durant l’empire romain aux premiers siècles ; croyez-vous que beaucoup avaient accès aux Ecritures ? Le Seigneur sachant que comme dit Jc. II ; 5 « Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde pour qu’ils soient riches en la foi », leur a donc laissé son message d’amour enregistré sur le pain et le vin.

     La deuxième raison est moins évidente mais je veux quand même vous la proposer. Jésus dit dans Mc. IV ; 11: «Il vous est donné à vous de connaitre le mystère du royaume de Dieu ; mais pour ceux qui sont dehors, toutes choses se traitent par des paraboles, afin qu’en voyant ils voient et n’aperçoivent pas, et qu’en entendant ils entendent et ne comprennent pas : de peur qu’ils ne se convertissent et que leurs péchés ne leur soient pardonnés ».  Ceci implique que Jésus s’adressait à tout le monde, mais son salut il le réservait  à ses élus qui seuls étaient capacités pour comprendre son enseignement. Cela a toujours été ainsi et cela ne changera point : l’expiation est limitée dans son application, au nombre précis des élus qui seront les seuls à comprendre, et à vivre cet enseignement. C’est pourquoi la façon dont la Cène est présentée dans les Ecritures prête à confusion afin que le tri se fasse. En effet même si la majorité des élus s’imagine que la Cène est instituée pour l’édification des saints qui y participent, plus que pour ceux qui y assistent, ils ne tombent quand même pas dans  le piège mortel de la transsubstantiation qui dit qu’une gaufrette ronde est Dieu fait homme, c’est-à-dire Jésus Christ en personne ; corps  et âme. Athanase, Augustin, Luther, Calvin ; tous divaguent dangereusement quand ils parlent de sacrements, mais ils ne remettent pas en cause, et au contraire défendent le salut par la foi en Jésus-Christ crucifié pour nos péchés. Ils se contredisent ensuite quand ils parlent des sacrements et essaient par leur savante rhétorique et leurs éloquentes subtilités de cacher leurs contradictions, mais pour eux comme pour nous, la Parole est la semence de vie et pas l’eau, le pain ou le vin qui peuvent l’accompagner comme une couverture en cuir peut parfois accompagner un livre. En revanche le fervent catholique (romain ou orthodoxe)  est celui qui tombe dans le panneau et qui réduit Dieu à une hostie, et son salut à une digestion de cette hostie. Lui ne se contredit pas comme Luther, mais affirme sans ambages sa foi dans son christ eucharistique. Néanmoins je ne vais pas rentrer dans les détails de l’abomination de la messe et de l’idolâtrie catholique... Je veux simplement insister sur le fait que l’Esprit intentionnellement, ne nous présente pas sans  ambigüité  que la Cène est essentiellement un instrument pédagogique, institué  pour que les disciples  donnent une instruction élémentaire aux  néophytes, sur les vertus de la mort du Sauveur en faveur des élus. Son intention c’est que ceux qui ne sont pas élus manifestent leur condition de pécheurs endurcis en transformant un prêche  “audiovisuel” en une idole qu’il faut gober par la bouche et par la tradition. Le même phénomène se produit quant à la doctrine de la très Sainte Trinité, de la prédestination, de la dépravation totale de l’homme naturel etc. La Bible est la Parole infaillible de Dieu, et ne peut être assimilée correctement que par ceux qui possèdent l’Esprit de Dieu, bien que cela ne les empêche pas d’errer quand par moments l’Esprit cesse de souffler et que se lèvent la brise de la tradition et le vent de l’humanisme… Que Dieu nous garde « afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emporté çà et là  par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voie détournées pour égarer », (Eph.IV ; 14). La doctrine vraie est que nous sommes engendrés et nourris par la Parole de Dieu administrée par le Saint Esprit dans le cœur du croyant et qu’aucun élément physique ni aucun rituel ne participe à cette opération mystérieuse. Une pancarte te montre que tu es sur la route qui mène à Paris, mais ce n’est pas la pancarte qui t’y transporte. Pareillement pour  tout agencement humain, même quand il a été institué par l’Eternel ; on ne va à Dieu le Père que par Dieu le Fils, et uniquement par l’action de Dieu le Saint-Esprit.

     Il me reste maintenant à conclure en exposant ma position face à la pratique de cette Cène commémorative qu’a instituée notre Seigneur Jésus. Là, je partage totalement la pensée et l’attitude de M. Cournoyer. Celui qui participe à la Cène en comprenant qu’il montre la mort du Seigneur Jésus, et cela de la façon dont ça a été institué, c’est-à-dire avec un pain rompu et une seule coupe remplie de vin, (pas de jus de pomme dans des petits gobelets distribué par des minettes en minijupes), le tout partagé uniquement entre frères protestants, celui-ci agit bibliquement et il n’y a rien à redire. Cependant pour ma part, je n’en vois pas tellement l’utilité vu que la Bible est à la portée de tout le monde ; pourquoi utiliser une méthode rudimentaire si je suis pourvu d’une méthode bien plus perfectionnée ? Bien sûr que je peux faire parvenir un message de l’autre côté de l’Atlantique par un ami qui va faire la traversée  à la voile. Ce sera plus original et cela rappellera les temps passés, mais cela mettra beaucoup plus de temps et sera nettement plus aléatoire que si j’envoie ce message par internet, message qui arrivera à mon correspondant en quelques secondes et dans le format qui lui convient !  Le temps presse et Dieu a mis à notre disposition Sa Parole complète sur le papier, sur les ondes radio sur le réseau internet. La tradition insiste qu’il y a des bénéfices supplémentaires dans la pratique de cet acte commémoratif, mais vu l’apostasie des églises, vu l’augmentation de la connaissance et la rapidité des communications, je ne vois pas l’intérêt de me réunir au sein d’une congrégation traditionnelle et rompre le pain. Je préfère partager directement la Parole avec ceux qui éprouvent la même faim de ce même pain, en tout temps et en tous lieux. Les prophètes Elie, Elisée et  les 7000 autres croyants cachés dans des grottes ne participaient pas aux cérémonies du culte qu’avait institué Jéroboam ; imitation du culte de Jérusalem en certains points. Jéhovah me garde de rompre le pain à Béthel là où sont les veaux d’or de l’humanisme et de l’œcuménisme, je préfère nettement mieux ruminer la Parole et la partager avec mes frères qui sont sur le chemin qui mène à Sion !  

 
 
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