Radicalement Protestant
  COUPABLES ET RESPONSABLES
 

COUPABLES ET RESPONSABLES

      La Bible dit : « Quiconque pèche transgresse la loi et le péché est la transgression de la loi » (1 J. III : 4), elle dit aussi que tous ont péché et sont destitués de la gloire de Dieu (Ro. III : 23). Tous ceux qui croient aux Ecritures reconnaissent donc que nous sommes tous coupables devant Dieu car nous avons tous transgressé sa loi depuis notre enfance. Sur ce point catholiques comme protestants ; tous sont unanimement d’accord. Néanmoins on peut être coupable devant la loi et ne pas être responsable !

      Les petits enfants de 2 ou 3 ans par exemple, quand ils sont dans une grande surface si les parents n’ont pas l’œil sur eux se serviront dans les rayons pâtisserie ou jouets, et sortiront sans passer par la caisse. Ils seront coupables d’avoir commis un vol, mais en fait ne seront pas responsables puisqu’ils ne savent pas comment marche le système d’acquisition de biens dans une société. Leurs parents sont responsables devant la loi si leurs petits enfants sont sortis du magasin avec un produit qu’ils n’ont pas payé, mais les petits enfants sont complètement inconscients d’avoir volé. Ils ne méritent même pas une fessée ; il faut simplement avoir l’œil sur eux, et plus tard quand ils commencent à raisonner leur expliquer comment marche l’acquisition de biens au magasin. Une fois qu’ils auront compris ; la fessée sera de mise au prochain vol ! Les petits enfants sont donc coupables mais pas responsables, et c’est pourquoi Jésus dit : « Ce n’est pas la volonté de mon Père qui est aux cieux que périssent un seul de ces petits enfants », de même il dit : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas ; car le Royaume de Dieu  est pour ceux qui leur ressemblent» (Luc XVIII : 15). Quant aux fœtus et aux nouveau-nés même s’ils n’ont pas péché activement, même s’ils n’ont pas encore volé sans le savoir un bonbon au supermarché, le péché demeure déjà en eux depuis leur conception ; leur nature est mauvaise bien qu’elle ne soit pas encore pleinement développée et donc manifestée. Mais inéluctablement le  jour viendra bientôt où « l’occasion fera le larron » !

     Dieu dans son amour et sa justice a décidé de couvrir par le sang de l’Agneau les petits enfants les bébés, les fœtus, les mongoliens ; tous ceux en fait qui sont irresponsables. C’est d’ailleurs pourquoi il y aura plus d’âmes sauvées que d’âmes damnées, car bien que beaucoup soient appelés mais peu soient élus, les fœtus comme les bébés n’étant pas appelés s’ils meurent, c’est qu’ils sont élus ! Maintenant voilà le problème et le thème que nous allons aborder :  dans le camps des croyants qui ont compris que le salut en fait est déterminé d’avance par l’élection éternelle et inconditionnelle de Dieu, il y un certain nombre qui voulant simplifier les choses vont à l’extrême, et déclarent que personne n’est en fait responsable de ses actes car Dieu a décidé d’avance ce qu’ils feront. Ces croyants sont les hyper calvinistes. Les arminiens eux vont à l’autre extrême et disent que vu que l’homme est responsable de ses actes, il a donc un libre arbitre et que la prédestination est soit collective ; c’est-à-dire l’Eglise dans son ensemble est élue, soit elle est simplement synonyme de prescience, ce qui en fait est l’ argument nul qu’ils exhibent contre la prédestination, nous disons nul car si Dieu prévoit que quelqu’un va agir de telle façon qu’il va se perdre finalement, et qu’Il le laisse faire alors qu’Il est Tout Puissant pour changer les cœurs et les conditions ; c’est qu’en fait Il a décidé que cet homme se perde ! La prescience liée à la toute-puissance est synonyme de prédestination ! Mais laissons là l’erreur arminienne, car elle est grosse comme un éléphant dans un couloir, et dirigeons notre attention sur l’erreur hyper calviniste qui par sur une base sûre : l’élection, mais s’égare en concluant qu’elle annule la responsabilité humaine.

     Nous ne prétendons, nous calvinistes, résoudre cette énigme, car à notre niveau nous ne pouvons la résoudre sinon seulement l’accepter. Il y a là un nœud gordien et le trancher ne résoudra pas le dilemme, comme s’imaginent arminiens et hyper calvinistes. Les pensées du Seigneur sont bien plus élevées que nos pensées et comme dit A. W. Pink : «Personnellement, je n’adorerais pas plus un Dieu que mon intellect puisse mesurer, que je n’adorerais une idole que mes mains eussent fabriquée ». Nous savons par l’Ecriture et spécialement par le chapitre IX de l’épitre aux Romains que Dieu fait des vases destinés à la perdition éternelle et d’autres au salut éternel. Nous savons que le destin éternel d’une personne ne dépend pas de ce que veut ou ce que fait un individu sinon de la pure volonté de Dieu qui prédestine les uns pour le salut et les autres pour le lac de feu, puisque dit Ro. IX : 11 à 14 : « quoique les enfants ne fussent pas encore nés et qu’ils n’eussent fait ni bien ni mal, afin que le dessein d’élection de Dieu subsistât, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de Celui qui appelle ; il fut dit a Rébecca : “L’ainé sera assujetti au plus jeune ; selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü”. Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l’injustice ? Loin de là ! » En effet comme Dieu est un Dieu de justice, son décret éternel n’annule pas la responsabilité humaine, car s’il est injuste, voire cruel, de flanquer une bonne raclée à un enfant qui a volé un bonbon au supermarché sans en être conscient, tout comme il est juste et salutaire pour lui et pour la société de le châtier quand il le fait consciemment, de même Dieu serait-il juste s’il envoyait en enfer des âmes irresponsables, qui ne se rendent pas compte de ce qu’elles font ? Jésus n’a-t-il pas dit sur la croix : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc XXIII : 34) ? « Le salaire du péché c’est la mort », et non seulement la mort mais aussi l’enfer, néanmoins Dieu dans sa bonté, dans son amour infini, a décidé de sauver une partie des pécheurs : ceux qui se repentent, et ceux qui sont vraiment irresponsables, inconscients de la réalité du péché c’est-à-dire principalement les bébés et les petits enfants. Les autres doivent répondre pour leurs péchés car ils sont responsables devant Dieu puisqu’ils ont une conscience qui les accuse et sont donc sans excuse. La prédestination n’est pas une excuse car leur conscience les rend moralement responsable devant Dieu. En effet l’incapacité naturelle due au péché original ne peut exempter l’homme de son devoir moral envers la loi divine qui est inscrite dans sa conscience.

     Calvinistes comme hyper calvinistes, nous comprenons bien l’enseignement que Dieu nous donne dans Ro. IX. Le problème chez les hyper calvinistes c’est qu’ils oublient le chapitre I de la même épitre où Dieu nous dit par la bouche de Paul que tout le genre humain est inexcusable puisqu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, ni ne Lui ont rendu grâce, mais ils se sont égarés dans leurs pensées et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres (v. 21). Tout homme doué de raison sait qu’il y a un Dieu, il n’a pas besoin de savoir lire et d’ouvrir la Bible ; il lui suffit d’ouvrir les yeux et de lire dans le livre de la création car comme dit l’Ecriture : « les cieux racontent la gloire de Dieu et l’étendue manifeste l’œuvre de Ses mains » (Ps. XIX : 1) ! Tout être humain doué de raison est donc au courant qu’il y a un Dieu, et il est donc responsable de Le chercher et de Lui obéir. En effet l’homme a été créé à l’image de Dieu, et cette image n’est pas physique mais spirituelle. Il a été créé par la Parole de Dieu (J. I : 1 à 3), et cette Parole lui a donné la parole pour Le chercher et communiquer avec Lui. C’est un grand thème et ce n’est pas le moment d’y entrer, mais ce fait implique une responsabilité que tout homme doué de raison ne peut ignorer. Maintenant il ne faut pas confondre la responsabilité et la capacité pour assumer la responsabilité. Voilà en effet le problème des hyper calvinistes : comme l’homme est incapable d’assumer sa responsabilité devant Dieu, ils concluent que l’homme n’a pas de responsabilité et que seule entre en jeu la prédestination. Comme Adam accusa indirectement Dieu en disant « la femme que Tu m’as donnée pour être auprès de moi, m’a donné de l’arbre et j’en ai mangé », l’hyper calviniste reconnait que l’homme est coupable, mais dit-il, la responsabilité en vérité revient à Dieu puisqu’il a tout prédestiné. Et c’est vrai que Dieu a ordonné que le péché se produise, sans y participer et en le condamnant dès le départ, pour se glorifier en fin de compte en montrant sa justice et sa miséricorde.

      Prédestination et responsabilité morale sont, disait Spurgeon, comme 2 rails qui sont parallèles et se suivent sans jamais se rencontrer d’un bout à l’autre de l’Ecriture. On ne peut pas les unir ; elles courent l’une en face de l’autre, et on ne peut pas non plus en éliminer une pour simplifier l’histoire comme font les unitariens qui ne peuvent admettre qu’il y a un seul Dieu en 3 Personnes et donc réduisent notre Seigneur Jésus au meilleur des hommes et le Saint-Esprit à une force qui émane de Dieu mais qui n’est pas Dieu. On ne peut expliquer le mystère de la très Sainte Trinité, cela est bien au-delà de nos capacités limitées dans le temps comme dans l’éternité. De même on sait que tout commence par l’élection mais après quand l’homme vient au monde et commence son existence, sa responsabilité commence dès qu’il atteint l’âge de raison, et elle suit par ses actes, parallèlement et mystérieusement, la ligne de sa prédestination.

     Quant à savoir si l’on est personnellement prédestiné, cela  concerne la volonté secrète de Dieu et donc ne concerne pas le pécheur non repenti ou le saint qui commence dans la Voie. Aucune âme damnée ne descend en enfer avec un traité sur l’élection inconditionnelle et la prédestination, mais avec la liste de ses péchés sous le bras, et cela sera plus que suffisant pour exclure toute appellation, car leur propre conscience ne pourra alors plus être étouffée par les stratagèmes qu’ils utilisaient lors de leur bref séjour sur la terre des vivants.   Ce qui nous concerne tous c’est la volonté révélée de Dieu. Elle l’est partiellement dans nos consciences, et parfaitement dans la Bible qui nous montre précisément par la Loi de Moise ce qu’est le péché, et par l’Evangile la solution au péché car « Christ est venu sauver son peuple de ses péchés ».Ayant jusqu’ici exposé notre doctrine calviniste de la responsabilité humaine en opposition à la doctrine hyper calviniste qui nie la responsabilité humaine ; nous allons maintenant la soutenir à la lumière  de quelques exemples de responsabilité flagrante que nous donne l’Ecriture.

Mt. XXVII : 62 à 64 et XXVIII : 11 à 14 : «…les principaux sacrificateurs et les pharisiens s’assemblèrent auprès de Pilate, disant : Seigneur nous nous souvenons que ce séducteur, pendant qu’il était encore en vie, disait : Après 3 jours, je ressuscite. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé avec soin jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent et ne le dérobent et ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts et ce dernier égarement sera pire que le premier…quelques hommes de la garde s’en allèrent dans la ville, et rapportèrent aux principaux sacrificateurs toutes les choses qui étaient arrivées. Et s’étant assemblés avec les anciens, ils tinrent conseil et donnèrent une bonne somme d’argent aux soldats disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé pendant que nous dormions ; et si le gouverneur vient à en entendre parler, nous le persuaderons et nous vous mettrons hors de soucis. »

     Voilà un exemple éblouissant de responsabilité morale de l’homme devant Dieu et devant ses prochains ! Nous voyons ici les principaux sacrificateurs et les pharisiens s’acharner contre le Seigneur Jésus de façon diabolique. Mais il ne s’agit pas ici de cas de possessions, non ; ce sont des gens responsables ! En effet personne ne les a forcés à devenir sacrificateurs et pharisiens. Bien sûr me direz-vous les sacrificateurs le sont selon leur ascendance généalogique, néanmoins s’ils ne veulent pas remplir leur fonction et décident de se livrer à l’agriculture et au commerce ; libre à eux ! Quant aux pharisiens c’est à force d’études prolongées qu’ils s’intègrent dans cette secte du judaïsme. Donc les principaux sacrificateurs et les pharisiens que nous voyons dans ce verset sont des gens qui ont décidé de suivre une voie, ils ont décidé d’assumer la responsabilité d’enseigner leurs frères juifs. Ils savent précisément quel est leur responsabilité : offrir les sacrifices du culte mosaïque et enseigner la religion juive au peuple. Ils ont accepté cette responsabilité mais dans ce cas non seulement ils ne l’assument pas mais au contraire ils utilisent l’autorité dont ils sont investis pour détruire l’espérance de la religion qu’ils sont responsables d’enseigner. Ces hommes pervers sont tous des érudits qui connaissent bien les Ecritures, et ils savent que Jésus s’il est le Messie doit ressusciter le troisième jour, car il leur donna ce signe comme sceau de son ministère ; il leur donna le signe de Jonas (Mt. XII : 40). Et comme les démons ; ils croient et tremblent que cela n’arrive (Jac.II : 19)… Et cela arriva et ils le crurent ! En effet lorsque « quelques hommes de la garde s’en allèrent dans la ville, et rapportèrent aux principaux sacrificateurs toutes les choses qui étaient arrivées » ces  docteurs en théologie ne répondirent pas aux soldats : « Vous avez halluciné, vous nous mentez, vous étiez ivres ». Loin de là ! Ils croient ce que les soldats affirment puisqu’ils payent une forte somme d’argent pour les faire mentir, pas pour leur faire dire la vérité ! Ces religieux savaient bien qu’il est écrit  dans le Psaume XVI au verset 10 : « Tu ne permettras point que ton bien-aimé voie la corruption », et ils n’avaient aucun doute que Jésus avait ressuscité. Mais l’important pour eux c’était de continuer à exercer leur autorité et les privilèges qui l’accompagnaient. Si le peuple recevait en plus du témoignage des apôtres celui des autorités romaines, la résurrection de notre Seigneur  démasquerait leurs mensonges et abolirait à moyen terme leurs privilèges. Ces religieux savaient précisément ce qu’ils faisaient : ils ne voulaient pas comme Satan que les Ecritures qu’ils connaissaient bien s’accomplissent. Ils savaient que le Bien-aimé leur avait donné le signe de Jonas et qu’il était sorti du tombeau sans voir la corruption. Or ils avaient depuis des années accepté la charge d’enseigner les Ecritures au peuple, et maintenant en pleine connaissance de cause, ayant écouté le rapport de la garde, les voilà affairés à nier que l’Ecriture s’est accomplie en Jésus ! Eh bien nos frères hyper calvinistes affirment que ces sacrificateurs, ces anciens, ces pharisiens ne sont pas responsables de leurs actes et de leur décisions ; ils ont été prédestinés à cela et donc ils sont coupables mais pas responsables ! Or être responsable c’est devoir répondre de ce qui nous a été confié. les Ecritures ne leur ont été point confiées, et ne ce sont-elles point accomplies devant leurs yeux par tous les miracles que Jésus avait faits ? Assurément ils ont bien compris les Ecritures, et ils sont coupables d’avoir condamné le juste avec des faux témoins, après un procès fait à la sauvette en pleine nuit ! Mais nous disent les hyper calvinistes qu’ils ne sont pas responsables car ils ont été prédestinés à cela… Un tel raisonnement est-il soutenable ? Nous savons nous aussi les calvinistes, qu’ils ont été prédestinés à cela, mais nous savons aussi que celui qui agit en pleine connaissance de cause et contre sa propre conscience est responsable de ses actes, et c’est pourquoi il doit y répondre devant la justice divine puisque comme nous l’avons dit plus haut : les bébés, les petits enfants et les mongoliens n’étant pas responsables Christ a décidé de répondre pour eux devant la loi. Pour ces pharisiens Christ n’a pas dit sur la croix : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » !

 

     Jn. XII : 6 : « Il disait cela, non qu’il se mît en peine  des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et que, tenant la bourse, il y prenait ce qu’on mettait ».

     Voilà un autre cas intéressant et terrible, pour illustrer notre thème! Judas était coupable de vol puisqu’ il prenait les sous qui tombaient dans la bourse. Mais il n’est pas responsable disent les hyper calvinistes. En effet il a été prédestinés à trahir le Seigneur et donc à faire toutes sortes de péchés. De plus il y a l’argument de sa nature pècheresse qu’il a hérité d’Adam et qui s’est spécialisée dans le vol et la convoitise. Evidemment Judas n’est pas responsable d’avoir été prédestiné comme le type parfait du traitre, et il n’est pas non plus responsable de la nature qui lui est échue dès sa naissance. Ça c’est le plan de Dieu qui a tout prédestiné : la trahison de Judas comme l’entrée du péché original par Adam. Le Saint-Esprit nous a révélé cela dans l’Ecriture. Cependant Judas qui ne pouvait échapper ni à son destin ni à sa nature, n’était-il pas responsable de la bourse ? Ne connaissait-il pas le 8eme commandement ? Etait-ce par compulsion, par coaction, par nécessité qu’il se servait dans la bourse ?  Non, c’est tout simplement parce qu’il aimait l’argent avait décidé que tous les moyens étaient bons pour s’en procurer, même le vol ou l’apostolat qui promettait de grands revenus si Jésus devenait le nouveau roi d’Israël.  Tout cela il le faisait en opposition à sa propre conscience et à la morale. Judas n’était pas un robot programmé pour voler et trahir le Seigneur. Il était un homme programmé pour voler et trahir le Seigneur ! Il y a une différence infinie entre un robot et un homme. Un robot est fait par les hommes tandis que l’homme est créé par Dieu à son image et à sa ressemblance et il est donc investi d’une responsabilité morale qu’il ne peut assumer car il est déchu par nature, mais qu’il ne peut éviter car l’homme n’est pas un animal ; il est soit au-dessus comme les anges, ou au-dessous comme les démons. Judas étant en plus investi de la dignité d’apôtre du Christ est donc devenu pire qu’une légion de démon ; il devint le temple même de Satan quelques heures jusqu’à ce qu’il aille se pendre ! Mais en fait il était responsable de sa perdition, qu’il œuvra pas à pas, volontairement et consciemment car il connaissait la loi de Moïse et la puissance du Christ. Pensez-vous que quand il volait dans la bourse il le faisait par compulsion ou en transe ? Pas du tout ; il le faisait soigneusement et discrètement. Cependant il n’était pas responsable de sa prédestination qui avait établi qu’il allait  œuvrer volontairement et inéluctablement sa perdition.  Dieu l’avait décidé ainsi : Judas serait responsable de la bourse et coupable de vol et haute trahison! « O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! » (Ro. XI. 33).

 

Jon. I : 3 : « Et Jonas se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face de Jéhovah.»

     Jonas est le typique prophète irresponsable quoiqu’il ne soit pas le seul, car n’est-il pas écrit : « Saul est-il aussi entre les prophètes ? » (1 Sam. XIX : 24). Dieu avait dit à  Jonas; « Lève-toi va à  Ninive, la grande ville, et crie contre elle ! » (Jon. I : 2). L’Eternel lui avait donc parlé directement et envoyé avec un message précis à un lieu précis. Il l’avait donc constitué prophète. Nous sommes tous d’accord que Jonas a péché car il a désobéi au commandement de Dieu d’aller à Ninive prophétiser sa destruction. Cependant nos amis hyper calvinistes maintiennent que Jonas n’était pas responsable puisqu’il était prédestiné à désobéir. Or Jéhovah dit au prophète Ezéchiel : « Et toi, fils de l’homme, je t’ai établi comme sentinelle sur la maison d’Israël. Tu dois écouter la parole qui sort de ma bouche, et les avertir de ma part. Quand je dis au méchant : Méchant tu mourras ! Si tu ne parles pas pour détourner le méchant de sa voie, ce méchant mourra dans son iniquité, et je te redemanderai son sang » (Ez. XXXIII : 7 et . Si Dieu lui-même établit le prophète, nous savons qu’il lui donne l’esprit de la prophétie et le soutient par le Saint-Esprit. Cette personne étant équipée divinement pour une mission importante est assurément responsable devant Dieu et devant les hommes,  et c’est en tous cas ce que dit Dieu quand il affirme : « et je te redemanderai son sang » ! Que Jonas fuit à Tarsis pour échapper à sa responsabilité ; cela ne donne pas d’autre résultat que de lui allonger le chemin. Il est responsable d’accomplir sa mission et dans le cas du prophète Dieu se charge de ce qu’il assume sa responsabilité, même s’Il doit employer les grands moyens comme une tempête et une baleine !

 

     1 Sam. II : 22 et 23 : « Eli était fort âgé, et il apprit comment ses fils agissaient à l’égard de tout Israël ; il apprit aussi qu’ils couchaient avec les femmes qui s’assemblaient à l’entrée de la tente d’assignation. Ils leur dit pourquoi faites-vous de telles choses ? »

     Voilà un deuxième cas typique de responsabilité du second ordre établi par Dieu dans l’AT : l’ordre sacerdotal. Nous voyons ici Eli le grand pontife qui connait parfaitement la loi et est au courant de l’agissement de ses fils Hophni et Phinées. Ce sont 2 racailles de la pire espèce car ils volent les offrandes offertes à Dieu en plein service, et une fois qu’ils sont repus ils commettent l’adultère avec des prostituées qui se tiennent devant la tente d’assignation pour offrir leur service  à ces 2 hommes pervers ! Que fait Eli ? Pas grand-chose ! Il leur dit seulement qu’il entend des rumeurs sur leur comportement scandaleux (v. 25). Comme souverain sacrificateur son devoir, sa responsabilité, était de destituer immédiatement ces 2 hommes de Bélial. Vu qu’il n’assume pas son rôle, Dieu lui envoie un prophète qui lui rappelle ses responsabilités comme sacrificateur de la maison d’Aaron (v. 27 à 30). Cela fait qu’en fin de compte Eli est doublement responsable devant Dieu et devant la nation. Il est responsable premièrement à cause de son éducation et de la charge qu’il a assumée pendant de longues années, et deuxièmement à cause des prophètes que Dieu lui envoie pour lui rappeler ses responsabilités. Car après le 1er prophète  anonyme que nous voyons apparaitre dans 1 Sam. II : 27, nous voyons au chapitre 3 qu’Eli héberge chez lui un deuxième prophète : le petit Samuel qui lui confirme la prophétie du 1er. Et que fait alors Eli ? Il réagit comme un hyper calviniste disant : « C’est Jéhovah qu’il fasse ce qui lui semblera bon » (v.18) ! En effet il  rejette sa responsabilité personnelle et se laisse porter vers le désastre, car il est prédestiné pour cela selon les prophéties qui lui ont été dites, et qui effectivement s’accompliront ! Pouvait-il échapper à son destin ?  Non, car tout est programmé d’avance. Devait-il se résoudre à son destin ? Non, car il avait des responsabilités à assumer du fait de ses offices de souverain pontife et père de 2 fils. Refusant d’assumer ses responsabilités, la prophétie terrible s’est accomplie sur lui et sur sa famille. Dieu ne l’a pas forcé à ne pas assumer sa position, au contraire il l’a averti des conséquences. Mais Eli a décidé de se laisser aller. Il a suivi sa vieille nature contre sa conscience, et la prophétie s’est accomplie. Pouvait-il faire autrement ? Non car Dieu l’abandonna dans son état naturel. Devait-il agir autrement ? Oui car il avait des responsabilités auxquelles ils ne pouvaient échapper sans encourir une grande malédiction, puisqu’il vivait volontairement et commodément  de sa fonction de souverain pontife. Etre incapable d’accomplir la tâche  assignée par Dieu n’est pas une excuse valable car comme dit l’Ecriture : « clame vers Moi et je te répondrai » et encore : « Je peux tout en Christ qui me fortifie » (Phil. IV : 13). Me direz-vous que pour clamer encore faut-il que Dieu produise ce vouloir comme ce faire (Phi. II : 13) ? Effectivement et nous voilà donc  de nouveau devant le mystère insoluble à notre niveau de la responsabilité face à la prédestination. Quand nous donnons une réponse logique cela soulève une autre question qui remet en cause cette même réponse. Il ne nous reste plus qu’à reconnaitre notre incapacité et croire simplement ce qu’affirme clairement la parole de Dieu : l’homme est prédestiné pour le ciel ou l’enfer mais il est responsable de sa perdition ! Comme disait Spurgeon : « sur la porte d’entrée du paradis il est écrit : Par grâce. Sur les portes de l’enfer il est écrit : A cause de tes péchés ». Or cette grâce nous fut donnée en Christ Jésus avant la fondation du monde (2 Ti. I : 9) et cette perdition fut décrétée avant la naissance (Ro. IX : 11 à 13, et 22, 23). De plus les prophéties que reçut Eli n’était pas une excuse pour se laisser aller vers la destruction en adoptant une attitude hyper calviniste, puisque nous voyons un cas similaire avec le roi Ezéchias à qui le prophète Esaïe annonce : « Ainsi parle Jéhovah : Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus » (2 Rois XX : 1).Ce roi juste supplia le Seigneur et 15 ans lui furent ajoutés. Non que Dieu ne soit rétracté sinon que le sens de la prophétie était que dans l’état où se trouvait son ulcère ; il allait mourir s’il ne suppliait le Seigneur. Ce qu’il fit et ce que ne fit pas Eli qui reçut une prophétie qui le condamnait en lui disant que « jamais le crime d’Eli ne sera expié ni par des sacrifices ni par des offrandes ». Mais eut-il fait comme Ezéchias, Dieu l’aurait certainement écouté. N’a-t-il pas épargné  à un moment le pire roi d’Israël : Achab (1 Rois XXI : 29) ?

 

     1 Sam. X : 8 : « Tu attendras 7 jours jusqu’à ce que j’arrive auprès de toi et que je te dise ce que tu dois faire »

     Le troisième ordre dans l’AT c’est celui de la royauté. Nous voyons ici le roi Saul recevant un ordre du prophète Samuel. Sa responsabilité en cas consistait à attendre 7 jours que le prophète arrive. Hélas le septième jour il s’impatienta et au dernier moment pécha en transgressant le commandement que Dieu lui avait donné par la bouche de Samuel. Il pécha gravement n’étant pas sacrificateur de la maison d’Aaron mais simplement Benjamite, car il offrit lui-même l’holocauste. La responsabilité ne consiste pas toujours à faire quelque chose ; elle consiste parfois à ne pas faire quelque chose ; à ne rien faire, à attendre qu’un autre fasse comme dans ce cas-ci. Saul devait attendre et surtout ne pas remplir une fonction qui lui était interdite. Il était responsable devant Dieu et devant la nation comme roi, pas comme sacrificateur ; il pécha gravement plusieurs fois et il reçut le châtiment qu’il méritait.

     En conclusion l’élection inconditionnelle et anticipée de Dieu n’annule pas la responsabilité de l’homme en dépit de son incapacité chronique, ou plutôt génétique, car il est doté d’une conscience ; il est créé à l’image de Dieu c’est-à-dire comme un être spirituel qui est régi par des principes moraux. De même sa responsabilité ou son manque de responsabilité ne peuvent annuler le décret éternel de Dieu qui avant même que l’homme vienne au monde a décidé sa fin.

     L’arminien essaie en vain d’annuler la prédestination, en la présentant comme la connaissance anticipée de Dieu qui laisse l’homme décider son propre destin. Il fait du libre-arbitre qui en fait n’existe pas, la cause déterminante, et de ce fait quitte  à Dieu sa souveraineté. L’hyper calviniste de son côté essaie en vain d’annuler la responsabilité, en oubliant que Dieu n’a pas seulement décrété la fin de toute choses depuis son début, mais aussi l’utilisation de moyens pour arriver à cette fin, et la responsabilité humaine  fait partie de ces moyens. Sa conception de la prédestination robotise l’homme qui devient aussi responsable qu’une marionnette parlante dans les mains d’un fameux artiste ventriloque.  Le calviniste classique, comme Spurgeon, voit ces 2 lignes parallèles se suivre du début à la fin et se concentre sur la ligne de la responsabilité personnelle qui suit inéluctablement la ligne de la prédestination,  et ce afin de confirmer son élection et sa vocation et se réjouir ainsi dans la  doctrine de la prédestination. C’est la seule façon de ne pas forcer les Ecritures dans un sens ou dans un autre en voulant expliquer un des mystères qui dépasse notre entendement. Il nous faut voyager sur ces 2 rails et ne pas dérailler comme font les arminiens ou les hyper calvinistes qui présument avoir trouvé la solution à un mystère exposé clairement dans les Ecritures mais non révélé. Acceptons ce mystère en toute humilité car comme dit David : « Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, elle est trop élevée pour que je puisse la saisir » et quant à Spurgeon il  dit : « On calcule d’habitude le vrai progrès par le degré d’humilité ». Laissons donc les arminiens, les hyper calvinistes mutiler la Vérité pour pouvoir la caser dans leur petit cerveau, quant à nous dont le cerveau est aussi petit ; inclinons-nous avec révérence devant ce Dieu  dont la gloire c’est de cacher certaines choses (Pro. XXV : 2)… 

 
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