Radicalement Protestant
  L’EVANGILE TOUT CRU
 

L’EVANGILE TOUT CRU

     Il y a quelques années j’eus une petite controverse avec un frère presbytérien sur la manière dont Dieu envoie l’Evangile dans le monde. Ce frère soutenait que l’Eternel utilisait toujours des ministres préparés pour annoncer la Bonne Nouvelle, tandis que je soutenais que c’était loin d’être le cas de nos jours et que « si ceux-ci se taisent les pierres crieront » comme dit Luc XIX ; 40 !

     Il est évident que pour arriver à la connaissance doctrinale de l’Evangile et pour atteindre la sagesse qu’il y a en Christ il nous faut passer par les maitres que Dieu a institués tout au long de cette dispensation de la grâce. Même les grands maitres institués par Dieu ont dû au départ apprendre d’autres maitres. Le croyant qui s’imagine qu’avec la Bible et le Saint-Esprit il a accès à la connaissance parfaite de tout ce que contient l’Ecriture se fait des illusions, car c’est le Saint-Esprit qui a Lui-même institué ses maitres pour que nous puissions nous perfectionner dans la connaissance de la vérité. Celui qui n’a jamais eu recours à l’enseignement des réformateurs du XVIème siècle et de leurs héritiers, restera un croyant rachitique. Il y a un progrès dans le dogme, et la révélation de certaines doctrines a été progressive. Ce que nous appelons calvinisme, est la maturation de la sotériologie subjective, c’est-à-dire les doctrines concernant les bénéfices qui découlent pour les croyants, de l’expiation effectuée par notre Seigneur et Sauveur sur la croix du Calvaire. Ainsi donc je ne nie nullement le rôle indispensable des maitres, (des théologiens), pour nous aider à croitre dans la connaissance de la vérité qui se trouve dans le Christ des Ecritures. La maturité et la connaissance passent par la communion des saints au milieu desquels brillent nos théologiens réformés. Ce que je nie c’est que nos maitres soient indispensables pour atteindre le salut, lequel s’offre uniquement dans l’Evangile, dans l’Evangile tout cru ! Et cet évangile ne dépend pas des théologiens et des séminaires mais c’est un don direct du Saint-Esprit.

    Il y a un seul Evangile éternel, il est unique. Mais cet évangile unique et véritable a une profondeur, une largeur, une hauteur infinie. Le but essentiel de l’évangile c’est bien sûr le salut des âmes de la colère divine qui se manifestera pleinement au jour du Jugement dernier. Nous savons  aussi que ce salut ne concerne que ceux qui sont nés de nouveau ; né de la Parole de Dieu appliquée par le Saint-Esprit, (J. III ; 3 et 5). La question qui se pose maintenant est : combien de paroles de vérité dois-je assimiler pour être régénéré ? Dois-je passer par les eaux baptismales, dois-je comprendre un certain nombre de doctrines ? Quel est le minimum de connaissance requise pour être régénéré ? Il y a un minimum que j’appelle : l’évangile tout cru. Il est contenu en une seule parole : JESUS.

     Depuis les temps apostoliques ; « Il n’y a aucun autre Nom sous le ciel donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés ». Le salut se trouve en un homme et non dans les doctrines qui concerne cet Homme. Cet Homme c’est Jésus de Nazareth, et celui qui croit en Lui comme son unique Seigneur et Sauveur divin a la vie éternelle. C’est pourquoi Lui-même a dit : « En vérité en vérité, je vous le dis celui qui croit en moi a la vie éternelle ». Maintenant il y a croire et croire ; il y a la foi qui sauve et la foi qui ne sauve pas. Analysons brièvement ces genres de foi.

     La foi qui ne sauve pas peut être historique ou culturelle. Elle concerne les gens qui croient en Jésus comme en Christophe Colomb. Ils croient que Jésus est le Fils de Dieu et qu’il est le Sauveur de l’humanité, tout comme ils croient que C. Colomb a découvert l’Amérique en 1492. Cela reste quelque chose de théorique qui n’affecte pas leur vie. C’est la foi traditionnelle qui se limite à quelques préceptes moraux et quelques cérémonies religieuses. Il y a aussi la foi une autre sorte de foi qui ne sauve pas et qui est plus ardente, qui est produite pas le Saint-Esprit et qui leur donne de se réjouir dans le Seigneur un certain temps et même de prophétiser comme Saul et Balaam, mais sa flamme s’éteint avec le temps ou s’étouffe devant la tentation ou la tribulation. Toutes ces sortes de foi qui ne sauvent pas sont les 3 premières de la parabole du semeur : Mt. XIII. Elles peuvent produire des croyants indifférents comme des docteurs en théologie et des évangélistes enthousiastes. Mais dans tous les cas il y a un moment où leur foi ne supporte pas l’épreuve, et l’intérêt personnel  vainc toujours l’intérêt pour la cause de Christ. Tant que ces 2 intérêts ne choquent pas directement il est très difficile dans certains cas discerner le faux croyant du vrai. Balaam n’était pas un faux prophète et sa vision du Très haut n’était pas mensongère, et il parlait parfois sous la direction du Saint-Esprit. Ses prophéties sur Israël sont parmi les plus grandioses de l’AT,  (Nm. XXIII, XXIV). Dieu parlait directement à Balaam et pourtant Balaam n’avait pas la foi qui sauve !

     La foi qui sauve ce n’est pas la foi historique ou même mystique, la foi qui sauve est celle qui est reçue directement du Saint-Esprit et qui affecte profondément et définitivement la conscience. Le fait de croire en Jésus illumine ma conscience, et la soumet à sa Personne par l’action et la présence du Saint-Esprit. Cela ne veut pas dire que le croyant nouveau-né connait le crédo de Nicée, les 10 commandements et les 5 points du calvinisme ! Cela ne veut pas dire qu’il connait la doctrine de l’expiation qui est pourtant une doctrine de base. Cela signifie seulement qu’il a trouvé la solution à sa misère spirituelle qui enfonçait sa vie dans le désespoir le plus profond. La Bonne Nouvelle dans sa forme la plus rudimentaire, la plus crue, c’est de savoir que Jésus-Christ est mon Dieu et mon Sauveur comme s’exclama Thomas (J.XX ; 28). C’est une révélation qui illumine la conscience et pas forcément l’intellect. Un vrai croyant peut ignorer tout du salut par la foi, comme un faux croyant peut-être un théologien calviniste renommé. Le premier a seulement la conscience illuminée, et le deuxième a seulement l’intellect illuminé. L’évangile tout cru révèle à la conscience le Nom du Dieu fait Homme : Jésus de Nazareth. C’est tout et c’est suffisant pour sauver éternellement celui qui reçoit cette révélation.

     Le Paraclet applique l’évangile tout cru aux consciences de façons différentes suivant les époques et les cas. Il peut utiliser une pierre ou est gravé le nom de Jésus, une feuille de papier où est griffonné un verset, une fillette qui chantonne le nom béni, Il peut utiliser la radio, l’internet, un théologien célèbre ou obscur, ou même prononcer Lui-même directement et de façon audible et interne le nom de Jésus. A part les démons, le Saint-Esprit peut utiliser n’importe quel moyen pour révéler à un élu que Jésus est notre Dieu et notre Sauveur. Beaucoup se sont demandés comment la France est presque devenue protestante au XVIème siècle alors que la Bible n’était pas diffusée aussi massivement qu’aujourd’hui, et la réponse c’est que certains Psaumes, comme le Ps. CXV qui dénoncent l’idolâtrie, étaient chantés en français aux 4 coins de l’Hexagone.

     Charles Haddon Spurgeon,  «  le prince des prédicateurs », raconte souvent qu’il naquit de nouveau en entendant le verset qui dit : regardez à Moi, et soyez sauvés tous les confins de la terre ». Il regarda et fut sauvé. L’évangile tout cru c’est simplement regarder Jésus comme ton tout en tout. Recevoir cette Personne comme la grande solution, comme le baume qui calme instantanément la douleur de l’âme qui croule sous le poids du péché ; voilà le salut, car « à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom », (J. I ; 12).  La médiation des ministres de la Parole n’est pas indispensable dans cette grande opération ; même une samaritaine peut communiquer ce Nom qui est au-dessus de tout nom. Cet évangile tout cru peut être reçu par des enfants, des vieillards, des retardés mentaux, car il ne requière pas l’usage d’un intellect suffisamment développé, puisque c’est un rayon de lumière qui illumine la conscience de l’auditeur par un seul mot qui est une seule personne : Jésus. Ce que j’appelle donc l’évangile tout cru c’est simplement la présentation d’une personne qui est Dieu fait homme pour sauver l’humanité déchue. L’évangile complet étant une connaissance plus profonde de cette Personne dans sa double nature, et de l’œuvre de de cette Personne. L’évangile complet est analysé par la raison à la lumière des Ecritures, mais en essence il ne diffère pas du tout cru puisqu’il tourne autour de la même Personne. L’évangile c’est l’eau de vie qui au début parait comme un verre d’eau fraiche qui désaltère le voyageur perdu et assoiffé dans le désert, mais ce même évangile dans sa plénitude est comme une rivière qui coule du trône de la grâce de Dieu et nous y amène quand nous nous embarquons sur le bateau de la foi qui sauve. L’évangile tout cru touche le bord du manteau de Jésus, et l’évangile dans sa splendeur s’assoie à la table du banquet de l’Agneau. C’est bien sûr plus profitable de voguer sur la rivière que de boire un verre d’eau dans le désert, mais l’important c’est que l’eau de vie nous soutienne.  Nous pouvons donc tirer 2 applications  de cet évangile de base ; l’une est pratique et l’autre eschatologique.

     L’application pratique c’est que pour annoncer l’Evangile il ne faut pas attendre d’être un expert en théologie protestante. Celui qui a reçu Jésus dans son cœur doit proclamer ce saint Nom partout où il va. Comme dit J.VII ; 38 : « Celui qui croit en moi, de son intérieur jaillira des rivières d’eau vive ». Si nous avons reçu le témoignage du Saint-Esprit dans notre esprit que nous sommes enfants de Dieu, nous devons proclamer Jésus-Christ comme notre Roi. Cela peut se faire de façons variées, par la parole, par l’attitude, par un tract etc. Tous ne sont pas évangélistes ou maitres pour exposer l’évangile dans toute sa clarté, mais tous, hommes et femmes, sont appelés à rendre témoignage publique de leur allégeance au Roi des rois, et Seigneur des seigneurs. L’Evangile tout cru est fait pour être proclamé par tous, sans exception. Le Saint-Esprit est celui qui glorifie et intronise Jésus-Christ dans le cœur des élus. Nous les croyants devons présenter la personne, c’est-à- dire au moins le nom de Jésus aux incroyants ; « n’avez-vous jamais lu ces paroles : tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle ? »  Je me rappellerai toujours de cette gamine de 11 ou 12 ans qui s’approcha de moi quand je voyageai à travers le Nigéria, il y a presque 30 ans de cela, et me dit de tout son cœur : « Jésus est mon Sauveur ». Cela dura 5 secondes mais c’est resté gravé dans ma mémoire, contrairement à de nombreux prêches insipides de révérends en toge noire ! Je la reconnaitrai cette petite nigériane le jour de la résurrection ! Par contre certains révérends ; je ne les distingue plus et je crois que je ne les reverrai plus jamais… Le Nom de Jésus c’est de la dynamite pour les esprits, et l’étincelle qui la fait exploser vient du Saint-Esprit, Lequel n’est pas limité aux  sermons qui exposent les grandes doctrines. Spurgeon lui-même disait que les conversions qui s’effectuaient durant ses prêches de 45mn étaient dues en général à un simple verset cité dans le discours. Il est vrai que les hommes que Dieu utilisa puissamment étaient des érudits et certains comme Spurgeon des autodidactes, mais ce sont les généraux de l’armée de Jéhovah, et seule une minorité est appelée à ce grade, tandis que des centaines de milliers qui sont appelés à être sergents et lieutenants, ne se sont pas encore reportés !

     Maintenant bien que l’évangile dans sa forme la plus élémentaire doit être proclamé par tous et toutes ; il est évident que cela n’est pas suffisant puisqu’aujourd’hui la papauté a vaincu les églises protestantes par infiltration jésuite dans les séminaires et par la politique œcuménique. La seule tactique possible qui nous reste, est celle de la guérilla, nous groupant dans de petits cercles calvinistes de façon informelle, et utilisant l’internet qui est à notre disposition, et qui est la porte que Dieu nous a ouverte en ces derniers jours. Ceux qui ont assimilé les 5 points du calvinisme doivent diligemment instruire ceux qui seulement connaissent l’évangile de base, ou qui ont été trompés par l’évangile arminien/pentecôtiste. Je me rappelle toujours avec tristesse de ces 10 ans de ma vie chrétienne gâchés au départ à cause de mon ignorance doctrinale. La seule chose que je savais était que Jésus-Christ était mon Dieu et mon Sauveur, et que la Bible était infaillible. Mais je ne savais pas ce qu’était la justification par la foi, et mon évangile était  une sorte d’arminianisme primitif avec des relents de catholicisme romains. L’évangile tout cru transmet la vie  spirituelle mais ne donne pas de force pour avancer sur le chemin de la vraie sainteté, comme dit l’Ecriture : « Mon peuple fut détruit car  lui manqua de la connaissance », et c’est uniquement par la grâce de Dieu que je pus échapper à la destruction durant ces 10 ans ! Aujourd’hui des milliers de croyants sont en train de passer par cette triste expérience, et bien qu’ils possèdent la vie éternelle et que le Saint-Esprit demeure en eux, ils marchent à tâtons et s’égarent facilement par tout vent de doctrines étranges. Leur esprit a été vivifié et le Saint-Esprit est en eux, mais leur raison n’a pas été éclairée par un enseignement systématique des doctrines de la grâce, et il ne faut pas compter sur les pasteurs et les évangélistes officiels pour sortir ces brebis de la confusion dans laquelle elles gisent. Ce ministère d’édification doctrinal et de perfectionnement est en manque d’ouvriers car la plupart s’imaginent que ceux qui sortent des séminaires bibliques en ont la charge. Ceux qui sortent des séminaires et des instituts ont la mission de promouvoir l’œcuménisme, et de s’occuper des SDF et des restos du cœur... Tous ceux qui ont gouté et expérimenté les doctrines de l’Evangile de la grâce doivent aider les autres à sortir de leur confusion et les mener à la découverte de la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Le Saint-Esprit  se charge directement de révéler l’Evangile tout cru, mais pour ce qui est du perfectionnement des saints Il veut former et utiliser un bataillon d’évangélistes et de maitres qui ne sortent pas du système religieux et apostat, mais de Ses mains. Les champs sont mûrs  et qui sait manier la faucille doit s’activer car la récolte sera bonne et le salaire excellent.

      L’autre application est eschatologique. Si toutes les nations ont entendu que Jésus-Christ est le Seigneur ; et bien l’évangile tout cru leur a été annoncé ! Qu’elles n’aient pas reçu cette Bonne Nouvelle c’est autre chose, mais le fait est qu’elles l’ont entendu. Quelle est la nation qui ne sait pas que nous sommes en 2014 après Jésus-Christ ? Quelle est la nation qui n’a pas reçu la Bible en sa langue officielle ? Aucune ! Tout le monde sait que Jésus est mort et qu’il est ressuscité. Que le monde ne le croie pas, qu’il le nie ; ça c’est son problème. Quoiqu’il en soit l’évangile tout cru a parcouru tous les continents et tous les océans, et tout le monde sait qu’un homme a vaincu la mort, pas 2, et Jésus est cet Homme. Les moyens modernes de communications ont démoli les barrières du temps et de l’espace, et comme dit Dn. XII : « plusieurs courront çà et là  et la connaissance augmentera ». La prophétie est accomplie et la bonne nouvelle du Royaume a été prêchée dans le monde entier comme témoignage à toutes les nations, et la fin est donc là,(Mt. XXIV ;14) ! Si l’évangile complet des 5 points du calvinisme doit être expliqué à tout le monde ; la fin ne viendra jamais. Celui qui a reçu la Bonne nouvelle que Jésus est le Seigneur et le Sauveur, s’il L’aime vraiment cherchera à Le connaitre davantage chaque jour et arrivera peut-être à l’évangile que nous les calvinistes prêchons, mais rappelons-le ; on est sauvé par la foi en la personne humaine et divine de Jésus, non par une connaissance sotériologique parfaite. Il est évident que ce n’est pas la volonté du Seigneur que tous les élus atteignent une connaissance parfaite de l’évangile de la grâce, et beaucoup passeront les portes de la cité céleste avec une connaissance élémentaire de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Mais cette connaissance élémentaire a atteint toutes les nations ; réjouissons-nous donc car « encore un peu, un peu de temps, et Celui qui doit venir viendra et ne tardera pas ».

 
 
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