Radicalement Protestant
  L’HOMME DU CIEL
 

 

                     L’HOMME DU CIEL                  

 

 

     Il y a quelques années j’ai écrit un article en espagnol sur ce même thème, sur le site Sola Fides, (www.solafides.4t.com). C’est l’article le plus long que j’ai écrit, et en dépits de cela c’est vraiment court, car le thème est non seulement infini en soi mais en plus se situe dans l’éternité passée. Je veux à présent non pas faire une traduction de cet article, mais plutôt reconsidérer le même thème d’une façon plus sobre, et j’espère plus claire ! Le but n’étant pas d’enseigner sur un thème qui dépasse notre compréhension, mais plutôt de présenter un point de vue qui est loin d’être traditionnel, et permettre ainsi à mes lecteurs de s’engager sur une réflexion sur un aspect de notre Seigneur qui dépasse son incarnation. Bien évidemment pour nous le plus important c’est Jésus-Christ crucifié, et c’est ce qu’il faut prêcher sans cesse, mais son sang versé sur la croix, ne nous octroie pas seulement le salut de nos âmes, mais aussi l ‘accès à  la connaissance des richesses inscrutables de Christ et à la contemplation future de sa gloire.

     Du fait de notre corruption interne inhérente, nous avons toujours tendance à nous imaginer que tout tourne autour de nous. Nous sommes égocentriques de nature, et l’égo latrie est le péché le plus en vogue en ces derniers jours où la philosophie humaniste et l’évolutionnisme biologique règnent. Il ne faut pas s’imaginer que parce que nous sommes nés de nouveau par la Parole et par l’Esprit Saint que nous échappons à cette tendance. Bien sûr nous avons été sauvés de l’égo latrie mais pas des influences néfastes de l’égocentrisme. Le vieil homme est toujours vivant quoique crucifié et agonisant et heureusement destiné à disparaitre très bientôt. Ce vieil homme nous perturbe même dans  la compréhension des Ecritures, et spécialement sur le thème en vue.

     Si on vous demande : pourquoi le Verbe s’est-il fait homme, que répondrez-vous ? Je crois que la majorité répondra tout naturellement : pour sauver les pécheurs ! Et bien c’est faux ! C’est faux car le Verbe s’est fait homme avant même que le péché existât, avant même la fondation du monde, et pas dans le but de sauver les pécheurs, même si le salut en fut une conséquence, il ne fut pas la raison.

     Soli Deo Gloria, (tout pour la gloire de Dieu), est une des assertions fondamentales de la Réforme protestante. Jéhovah, la Très Sainte Trinité, a tout créé pour sa gloire, et la gloire de Dieu c’est l’homme et cet homme c’est Jésus Christ, ce n’est pas Adam. Adam est une figure terrestre de l’homme céleste, une image d’une réalité supérieure, une ombre des choses futures et éternelles. La majorité des croyants s’imagine que Jésus Christ est devenu homme quand il a pris chair d’une jeune vierge en Israël au temps d’Hérode. Mais la réalité est autre car « en Lui (Jésus) Dieu nous a élus avant la fondation du monde, (Eph.I ; 4)… et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste, (1Cor. XV ; 49) ».

     Nous sommes peu il est vrai à soutenir cette doctrine, que Calvin lui-même rejeta, dans son Institution lorsqu’il parla des allégations d’Osandier : Livre II, chapitre 12. Cependant A.W.Pink soutient à peu près la même position qu’Osandier dans ses articles sur l’élection, (article numéro 6). Ce que nous pensons en effet c’est que Jésus est l’image de Dieu, le premier né de toute la création. Car en lui on été créées toutes choses qui sont dans, les cieux et sur la terre : Col.I ; 15, 16. Si Jésus est le premier né de toutes les choses, cela signifie qu’il existait avant que Dieu créât quoique ce soit ; anges ou atomes de poussière ou galaxies. Dieu, que ce soit le Père ou le Fils ou le Saint Esprit n’a ni commencement ni fin. Cependant Jésus Christ, Lui, s’est manifesté dans l’éternité passée quand la seconde  Personne de la Trinité s’est revêtue d’humanité, non pas terrestre mais céleste. On ne peut pas parler de commencement de cette manifestation dans l’éternité « passée », car c’est une autre dimension ou justement il n’y a ni commencement ni fin : Jésus-Christ est la manifestation du Verbe en forme humaine et céleste  depuis l’éternité et pour l’éternité. C’est pourquoi l’Ecriture nous dit que la gloire de Dieu c’est l’homme et qu’en Lui Dieu a son contentement : Es.XLII ; 1. Adam fut créé innocent et Dieu le considéra en tant que créature comme très bon : Ge.I ; 31. Mais Dieu le Père ne dit pas qu’Adam était sa gloire, ou qu’il avait son contentement en lui, sinon « qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul »,(Ge.II ; 18).  En effet Adam malgré les magnifiques attributs qu’il possédait, et  la communion qu’il avait avec Dieu, était essentiellement une âme vivante qui donc dépendait pour son bonheur de la satisfaction des appétits de son âme et non de son esprit, car il fut créé âme vivante et non pas esprit vivifiant. Dieu visitait Adam dans le jardin, mais ne vivait pas constamment avec lui, car la seule créature en qui Dieu vit éternellement et dans laquelle Il se réjouit sans cesse, (excepté durant la crucifixion) c’est le Seigneur Jésus-Christ. Adam ; l’homme terrestre était en fait une copie conforme quant à certains aspects à Jésus-Christ l’homme du ciel. Remarquez bien que dans Ge.I ; 26 Dieu dit : «Faisons l’homme à NOTRE image, selon NOTRE ressemblance», et qu’au verset suivant Il déclare : « Dieu créa l’homme à SON image ». Ceci indique que dans ce projet de création les 3 personnes de la Très Sainte Trinité étaient à l’œuvre, mais que le résultat est l’image spécifiquement d’une personne : le Fils, Jésus Christ, vrai homme et vrai Dieu. Dans son rejet de l’opinion d’Osandier Calvin utilise l’argument que l’homme spirituel ne vient pas en premier lieu sinon l’homme naturel et que le premier homme tiré de la terre est du ciel, et que le second homme est du ciel : 1 Cor. XV ; 46, 47. Argument qui est facilement réfutable puisque le second Adam n’est pas Jésus Christ en tant qu’homme céleste créé avant la fondation du monde, mais Jésus-Christ se dépouillant de lui-même, de sa gloire céleste et se faisant semblable à nous les hommes terrestres pour nous amener à sa ressemblance dans l’éternité. Ce second Adam peut aussi être interprété comme le croyant qui étant d’abord un rejeton du premier Adam, sans en perdre l’aspect extérieur devient par la suite, s’il fait partie des élus, un second Adam qui intérieurement, c'est-à-dire spirituellement, est transformé en une copie conforme de Jésus Christ ; l’Homme céleste. Tout comme le croyant reçoit d’abord l’appel efficace et ensuite se rend compte de son élection, du côté de Dieu c’est d’abord l’élection qui s’opère dans l’éternité passée puis l’appel qui est effectué dans le temps.

     Nous disons donc que Jésus étant le premier né de toute la création, il en est le patron, ou la mesure, « car en Lui ont été créées toutes choses qui sont dans les cieux ou sur la terre » et encore est-il dit : « un seul Seigneur, Jésus-Christ, par lequel sont toutes choses et nous par Lui », (1 Cor.VIII ; 6). (Et parlant de mesure, la Bible nous dit que la mesure des anges est équivalente à la mesure des hommes). La Très Sainte Trinité n’a besoin de rien, car elle trouve en Elle-même son contentement. Cependant il a plu à Dieu de manifester sa gloire en tant que Créateur et donc il a créé en premier lieu l’humanité céleste qu’a revêtu le Verbe, dans laquelle il puisse avoir son contentement, en effet dans Marc IX ; 7, le Père dit : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Il prononce ces paroles justement quand Christ apparut dans sa gloire céleste durant la Transfiguration et non à un autre moment de son ministère terrestre pour bien montrer que son Fils Jésus-Christ  est Dieu du vrai Dieu, sans commencement, ni fin. 

     Heb.I ; 3 nous montre aussi cette union de la Parole avec l’humanité dans l’expression : «soutenant toutes choses par la Parole de sa puissance, ayant fait lui-même la purification des péchés », puisque la Parole est la Toute Puissance divine, la seconde Personne de la Trinité,  et l’humanité la seule façon d’être le substitut pour nous purifier des péchés, nous les hommes. De plus le verset précédent nous situe Jésus-Christ hors du temps, car il déclare que par Lui Dieu a fait les mondes, ce qui prouve son existence en tant qu’Homme du ciel avant son incarnation il y a 2000 ans environ. Tout comme l’homme n’a pu trouver son contentement dans aucune créature exceptée dans la femme qui est chair de sa chair et os de ses os, Dieu ne pouvait trouver contentement dans aucune créature qui ne soit en même temps Dieu du vrai Dieu. Avant donc que les cieux et la terre fussent créés, Dieu créa l’humanité céleste, et le Verbe s’en revêtit. L’homme du ciel n’est pas une âme vivante, mais un esprit vivifiant dans un corps spirituel humain. (La transfiguration révéla cet Homme aux 3 apôtres qui l’accompagnèrent sur la montagne). Cela évidemment ne veut pas dire que l’homme du ciel ne possède pas d’âme dont les principaux éléments sont l’intellect, la volonté et les sentiments, mais que l’élément directeur de sa vie c’est l’esprit dont les principaux éléments sont la conscience, l’intuition et la spontanéité.  L’union des 2 natures ;  la divine et l’humaine, s’effectua avant l’incarnation. L’humanité céleste fut créée avant l’humanité terrestre. Jésus-Christ est la Tête  du corps qu’est l’Eglise, il est le commencement : Col.I ; 18. Nous savons tous par l’Ecriture qu’il y a des corps spirituels et des corps terrestres. La divergence réside en ce que la majorité pense que Christ a revêtu son corps spirituel après avoir revêtu un corps terrestre durant la transfiguration et après  sa résurrection, tandis qu’une minorité affirme que Christ a revêtu un corps terrestre durant son incarnation, mais qu’il possédait avant le commencement de la création son propre corps spirituel, sa propre humanité céleste. Cependant la position traditionnelle soulève bien des incongruités. En effet, beaucoup admettent l’apparition du Verbe avant son incarnation ; par exemple quand Dieu se présenta à Abraham, en la personne de Melchisédec ou avant de détruire Sodome. On appelle ça une théophanie. Ils admettent donc que Dieu se soit fait homme plusieurs fois, de façon passagère et sans les contraintes naturelles que cela implique, avant son incarnation au temps d’Hérode, roi de Judée. Ils nient que le Fils de Dieu se soit fait homme avant la création du monde. Mais selon cette conception le Verbe n’aurait pas une humanité spécifique sinon qu’Il possèderait plusieurs humanités selon le nombre des théophanies. Or « ce Melchisédec, roi de Salem, sacrificateur du Dieu Très-Haut…est d’abord roi de justice, d’après la signification de son nom, ensuite roi de Salem, c'est-à-dire roi de paix, sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni fin de vie, sinon qu’il est fait à l’image du Fils de Dieu, ce Melchisédek »,(Heb.VII ;1 à 3) est en fait Jésus-Christ avant son incarnation, puisque lui seul est le prince de la paix, roi de justice, sacrificateur, Père éternel, alpha et oméga. De plus Jésus dit dans J.XVII ; 5 : « Père, glorifie moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès toi avant que le monde fut » et au verset 24 : « Père je veux que là où je suis  ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde ». A moins de tomber dans le nestorianisme, qui soutient que la divinité se juxtaposait à l’humanité, annulant ainsi l’unité de la personne de Christ, et d’affirmer que la gloire dont il parle dans ce verset est celle du Verbe, et non celle de l’homme Jésus, la majorité est dans l’impasse ! Et même si l’on cédait à l´hérésie nestorienne, cela n’arrangerait pas la question, car la seconde Personne de la Trinité, tout comme la troisième, n’ont jamais reçu la gloire de la part du Père puisqu’elles sont consubstantielles avec le Père et ont toujours la même gloire qui ne peut être diminuée ou augmentée, ou commencée !  Par contre si l’on admet que le Verbe s’est fait homme céleste dans l’éternité passée, cette déclaration du Seigneur est compréhensible. En effet « au moment » ou le Verbe a revêtu l’humanité glorieuse et est devenu le Christ ; la première créature divine et humaine, alors la gloire de la divinité lui a été donnée par le Père qui fut le Promoteur de cette création divine en soi. Et seule cette créature pouvait contenter le Père. Seul cet homme : Jésus-Christ, peut être la gloire de Dieu.

     Jésus dit dans J.III ; 13 : « Et personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». Voila encore une déclaration qui est sans équivoque sur la préexistence de l’humanité du Verbe. A moins que l’on nie que l’expression « le Fils de l’homme », implique l’humanité adoptée par le Verbe dans la personne de Jésus-Christ, on ne peut éviter la conclusion logique de ce que Jésus-Christ est depuis toute éternité. Ce verset en effet confronte l’humanité déchue qui ne peut atteindre la plénitude de Dieu avec l’humanité glorieuse du Fils de l’homme ; humanité glorieuse qui descend du ciel mais dont la résidence est le ciel puisque le verbe être est au présent et non au futur ou au passé : « qui est dans le ciel ». J.VI ; 62 confirme de même cette interprétation quand Jésus dit : «Cela vous scandalise-t-il ? Et si vous voyez le Fils de l’homme monter où IL ETAIT AUPARAVANT ?... » La question est donc de savoir si l’expression le Fils de l’homme fait référence à l’homme Jésus. Si oui, on ne peut échapper à  ce que l’Ecriture déclare sans ambigüité ; que Jésus existait avant de s’incarner. Ce fut d’ailleurs une pierre d’achoppement pour de nombreux disciples quand Jésus le déclara car nous lisons dans le verset 66 que dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui. Tous les vrais chrétiens reconnaissent que Jésus est Dieu fait homme, mais peu admettent l’existence de cet Homme en forme céleste et glorieuse avant son incarnation. Nier la préexistence éternelle de Jésus, ne remet pas en cause le salut du croyant tant qu’Il est reconnu comme vrai Dieu et vrai homme, mais si l’on confesse que le Fils de l’homme est Jésus, cela n’est pas conforme à l’enseignement de l’Ecriture et dénote une connaissance arbitraire qui se limite au dogme traditionnel qui lui-même limite la glorification de Jésus dans le passé à 2011 ans ! Evidemment si le Fils de l’homme n’est pas Jésus, alors je suis dans l’erreur…

     Notre Seigneur Jésus-Christ est le premier né de toute la création, et Adam est comme une allégorie historique de ce commencement à la création glorieuse dans les lieux célestes. Adam fut d’abord créé et ensuite Eve fut tirée d’une de ses côtes. Ce qui représente de fait la relation de Christ et de l’Eglise son épouse. En tant que Créateur la gloire de Dieu le Père c’est Christ, et Christ est la seconde Personne de la Trinité fait homme dans les lieux célestes. Maintenant Christ étant lui-même Dieu, et Créateur, « car toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait a été fait sans Lui » sa propre gloire c’est l’Eglise, et l’Eglise est elle-même une incarnation multiple de l’Esprit Saint.  Le Père dans sa création se réjouit dans son Fils qui s’est fait Homme, et le Fils se réjouit dans son  Epouse qui est la création du Saint Esprit se revêtant d’une humanité composée des millions d’élus qui appartiennent au Christ avant la fondation du monde. C’est pourquoi Jésus est le premier né d’un grand nombre de frères. Cependant Jésus est le Fils Unique de Dieu, car Il est l’Homme originel, le moule céleste de l’Humanité. Les élus sont des copies conformes, et non l’original, nous sommes des fils adoptifs du Père qui nous aime comme son propre et unique Fils Jésus-Christ. Cependant il faut toujours se rappeler que Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint Esprit, n’ont pas besoin de s’extérioriser, de créer pour atteindre une plénitude qu’ils possèdent avant la fondation du monde. Dieu a voulu créer selon son bon plaisir, à la louange de sa grâce, pas par nécessité. La création entière n’ajoute rien à la gloire des 3 personnes de la très Sainte Trinité.

 

     Il y a un terme qui dans le NT revient sans cesse dans la bouche de notre Seigneur concernant sa propre personne : le Fils de l’Homme. Dans l’AT nous trouvons le terme : fils d’homme appliqué à certains prophètes, mais non le terme : Fils de l’Homme. C’est un terme qui pour ma part me suggère une interprétation qui peut être est la bonne. En effet Jésus est le Fils de Dieu car il est l’incarnation de la 2eme personne de la Trinité. Il est aussi la postérité de la femme, (Gen. III ; 15), car il a pris chair de Marie étant vierge, et par cela même il est aussi nommé fils de David, puisque sa mère biologique et Joseph son père adoptif, sont tous 2 des descendants de David. Mais Lui-même laissa les pharisiens et les docteurs de la loi bouche bée quand Il leur demanda dans Mat.XXII ; 42 à 46, comment le Christ peut-il être le fils de David si David dans le Psaume 110 l’appelle : « mon Seigneur » ? Qu’il soit le fils de Marie, certes, mais de l’Homme, quel homme : Joseph, David ? Cette question resta sans réponse pour les théologiens de l’époque. Je crois donc, que ce terme de Fils de l’Homme se réfère à ce que Jésus-Christ  lors de son passage sur terre, est  l’incarnation de l’Homme du ciel, la première de toutes les créatures. C’est en tout cas ce qui ressort de Phil.II ; 5 à 8 : « Jésus-Christ, lequel existant en forme de Dieu…s’est dépouillé de lui même en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié… ». En effet ce verset ne dit pas : « le Fils de Dieu (ou le Verbe) s’est dépouillé de lui-même… » Non, c’est Jésus-Christ qui s’est dépouillé. Or Jésus-Christ pour moi est toujours homme bien qu’il soit Dieu en même temps, et quoique disent tous les théologiens du monde, je n’en démords pas, car l’Ecriture ne peut  être anéantie  ! Le Verbe n’est pas nécessairement homme, Il l’est devenu parce qu’il a bien voulu, mais ce n’est pas son essence. Le Verbe s’est fait homme, mais dans ce verset c’est Jésus-Christ qui est devenu semblable aux hommes, et Jésus-Christ est homme intrinsèquement. C’est donc qu’il a abaissé son humanité à notre niveau, dans le but d’amener notre humanité au niveau de la sienne. Si l’on n’accepte pas cette simple interprétation, je ne vois pas d’explication claire ni à ce verset ni à  beaucoup d’autres, sinon que par quelques acrobaties rhétoriques périlleuse et douteuses !  Jésus-Christ est né sans péché original, puisqu’il a été conçu par le Saint Esprit, et il est né dans la même condition qu’Adam avant le péché. Mais il n’est pas fils d’Adam, sinon le péché originel aurait habité en Lui. Adam est le moule dans lequel nous avons tous été coulés, et ce moule est très défectueux ! Cependant Adam lui-même a été créé selon un patron supérieur à lui et parfait ; il a été créé selon le modèle céleste qui est Jésus-Christ, « par lequel sont toutes choses et nous par Lui ». La descente de Jésus-Christ, depuis sa gloire céleste à notre monde de misère et de péchés, exigea qu’il paraisse comme un simple homme terrestre, qu’il se dépouille de lui-même  pour détruire par la mort celui qui avait le pouvoir de la mort : le diable, s’étant fait notre substitut légal. Ce dépouillement de lui-même, serait donc la signification du terme Fils de l’Homme, car le moule original de l’humanité ; l’Homme du ciel, se fit semblable au modèle sans tâche de l’humanité que fut Adam avant la chute. « Tel père, tel fils » dit le proverbe populaire, c’est pourquoi je suggère que le Fils de l’Homme est la copie terrestre de l’Homme céleste, la première créature, qui est le résultat de ce que le Verbe dans l’éternité passée se revêtit de l’humanité parfaite, (laquelle possède un corps spirituel et non animal), comme d’un vêtement neuf pour manifester la gloire de Dieu dans son aspect créateur, aspect dans lequel  Dieu trouve son contentement, car tout ce qu’Il fait est pour sa gloire, et c’est pourquoi Jésus dit : « Père, glorifie-moi à ton côté avec cette gloire que j’ai eue avec toi avant que le monde existât », J.XVII ; 5.    

 

     Nous soutenons donc la thèse de ce que la première création de Dieu est Jésus-Christ Homme du ciel, qui plus tard se dépouilla de lui-même et se fit semblable aux hommes terrestres à l’exception du péché qui ne souillait pas sa nature humaine. Dans son incarnation, Jésus-Christ a abaissé son humanité céleste au niveau de l’humanité terrestre que possédait Adam avant le péché. Prenons un exemple pour illustrer ce que j’essaie d’exprimer. Quand une maison possède son installation électrique, le propriétaire de cette maison ne peut se brancher directement sur la ligne haute tension qui passe devant sa maison ; cela fondrait en 1 seconde toute l’installation et probablement provoquerait un incendie. Il doit d’abord se procurer un transformateur qui adaptera l’électricité qui passe par la ligne haute tension à son installation domestique, et ensuite il pourra profiter de tout son électroménager. L’électricité qu’elle soit en haute tension ou de secteur n’en est pas moins de l’électricité quelque soit le voltage. De même Jésus-Christ qu’il soit en forme céleste, c'est-à-dire avec toute la gloire divine qui l’accompagne ou en forme de serviteur devenant semblable aux hommes, reste la même personne : Dieu le Fils fait homme. La différence réside en ce que l’humanité terrestre est un voile pour la divinité tandis que l’humanité céleste est un balcon pour contempler cette même divinité. Tout a été créé par rapport à cet Homme céleste : Jésus-Christ. Il est la connexion entre la création et le Créateur, «car il y a  1 seul Dieu et 1 seul médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ homme ».  Cet Homme céleste s’est fait terrestre durant 33 ans, pour nous amener, nous les hommes terrestres, à  la dimension céleste, afin que nous, les élus, voyions la gloire qu’Il avait avant la fondation du monde. Mais le Verbe ne s’est pas fait Homme du ciel pour nous les hommes terrestres sinon pour le contentement de Dieu le Père en tant que Créateur. Beaucoup se demanderont si ce que je dis ne serait pas une nouvelle hérésie. Cependant l’Ecriture soutient mon opinion, et il est un fait que toute hérésie qui touche la personne de Jésus-Christ, a toujours la tendance horrible à abaisser Sa personne, spécialement dans l’unitarisme, et non à l’exalter. Y a-t-il un danger à exalter Jésus-Christ plus que ne le fait la tradition calviniste modérée ? Nous en prenons le risque ! Le christianisme dans son ensemble se limite à voir Jésus comme notre Rédempteur uniquement, nous le voyons comme Tête de l’Eglise  premièrement, et ensuite comme Rédempteur de cette Eglise. La tradition  voit l’Eglise comme raison d’être du Christ, et nous nous voyons le Christ comme raison d’être de l’Eglise.  Par conséquent nous traiterons  brièvement maintenant, avec l’aide de Dieu, de cette relation entre l’Eglise et son Chef.

     « L’homme n’a pas été tiré de la femme sinon la femme de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme » : 1Cor.XI ; 9. Le mariage est souvent utilisé pour typifier la relation de Christ et son Eglise. L’Eglise est souvent appelée épouse. Or comme l’indique le verset cité plus haut la femme a été créée à cause de l’homme, et non l’homme à cause de la femme, ce qui nous amène à déduire logiquement que Jésus-Christ n’a pas été créé, c'est-à-dire le Verbe ne s’est pas fait Homme, pour l’Eglise, sinon que l’Eglise a été faite pour Jésus-Christ. Comme le fait remarquer à juste titre A.W.Pink dans son article sur l’élection, Eph.V ; 23 cite d’abord Christ comme la tête  de l’Eglise qui est son corps mystique, et ensuite il est précisé qu’Il en est son Sauveur. Il est évident que dans la Bible l’aspect de Rédempteur apparait avec beaucoup plus d’insistance et de clarté que l’aspect  de Tête du corps mystique. Cependant le NT ne passe pas sous silence cet aspect, et donc il est de notre devoir de chercher à comprendre ce que la Bible nous déclare, tout en nous gardant de notre imagination, c'est-à-dire en nous appuyant constamment sur l’Ecriture.

 

      Dieu nous a sauvés et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos œuvres mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en J.C. avant les temps des siècles : 2 Tim.I ; 9. Ce dessein fut évidemment une Epouse pour son Christ, qui fût sainte, sans tâche, ni rides ; une épouse glorieuse pour un mari glorieux. L’introduction du péché et donc des rides, des taches, et des impuretés qui enlaidissent cette épouse, ne sont pas le dessein originel du Père pour son Fils, mais le moyen d’aviver l’amour de l’Epouse céleste pour son mari Céleste, car comme dit Jésus dans Luc VII ; 47 : « Mais celui qu’on pardonne peu aime peu ». En effet imaginez que Dieu le Père nous eût donnés à son Fils, sans l’Histoire du péché et de la Rédemption. Certes la joie et le bonheur eussent été présents, mais l’amour du Christ n’aurait pas été manifesté aussi glorieusement, et l’amour de l’Epouse n’aurait pas eu l’intensité due au sacrifice qu’elle représenta pour son Mari.  C’est pourquoi le péché et la Rédemption furent le moyen et non le dessein et la grâce originelle de notre élection en Christ. Cela explique qu’à Géthsémané 3 fois Jésus dit quelques heures avant d’accomplir notre rédemption : « Mon père s’il est possible que cette coupe s’éloigne de moi ! » : Mat.XXVI ; 39 à 45, car il savait que le dessein était immutable, irrévocable ; le Christ devait avoir son Epouse mais qu’avec Dieu tout est possible car ses voies sont inscrutables et la Croix étant un moyen et non une fin, cela fit que cette prière jaillit des lèvres de notre Sauveur angoissé devant une épreuve aussi terrifiante et qu’avilissante.    

 

     Me basant aussi sur l’analogie qu’utilise souvent l’Ecriture entre la relation matrimoniale et la relation de Christ et son épouse mystique, j’observe dans la Genèse qu’au départ Dieu créa Adam sans péché et seul. Ensuite Il lui donna une aide idéale, elle-même sans péché, qu’il tira d’une côte  de l’homme. Ce couple jouit très brièvement semble-t-il d’une relation heureuse, car le péché entra rapidement. Ce qui peut nous aider à comprendre ce qu’est l’Eglise, est le fait qu’Eve au début n’existait pas, mais qu’elle était latente dans le corps d’Adam ; os de ses os, et chair de sa chair. Me basant donc sur cette analogie, je pense que Jésus-Christ est venu à l’existence comme Homme du ciel dans l’éternité passée, et qu’Il est donc le premier né de toutes les créatures et la mesure et le but de toute la création, et qu’en Lui était latente la congrégation des premiers-nés inscrits dans les cieux : Heb.XII ; 23.  Et tout comme Eve était en Adam et tous 2 étaient sans péché, de même je crois que l’élection précède le péché. C’est une position peu en vogue au sein du calvinisme, mais je ne suis pas le seul pencher en faveur du supralapsarianisme ; Théodore de Bèze, Thomas Goodwin, John Gill, Arthur W. Pink sont des théologiens calvinistes respectables qui sont arrivés à la même conclusion bien avant!

     L’Eglise dans l’éternité passée était latente, c'est-à-dire qu’elle n’était pas une réalité présente et active comme Jésus-Christ par qui tout a été fait. Elle était dans la pensée de Dieu, ce qui signifie que tous les élus étaient écrits dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’Agneau qui plus tard fut immolé selon le dessein éternel. Cependant comme Dieu appelle les choses qui ne sont pas comme si elles existaient, dans la pensée divine l’Eglise était déjà une réalité glorieuse et épouse du premier né de toutes les créatures. Dès  le départ Christ devait être la Tête de son corps qu’est l’Eglise. Le péché entra après, (et donc la fonction de Rédempteur), comme un moyen de manifester l’amour infini de Dieu envers ses élus et ainsi engendrer  une adoration ardente et sans fin, basée sur une gratitude extasiée de ses créatures. Que dirons-nous donc des damnés, étaient-ils eux aussi dans la pensée divine avant la création du monde au même titre que les élus ? Je le crois car comme dit Rom.IX ; 11 en parlant de l’élection et du rejet : « quoique les enfants ne fussent pas encore nés et qu’ils n’eussent fait ni bien ni mal, afin que le dessein d’élection de Dieu subsistât, sans dépendre des œuvres et par la seule volonté de celui qui appelle, il fut dit  à Rébecca : l’aîné sera assujetti au plus jeune selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü ». Dieu a donc décidé de créer une partie de l’humanité pour la condamnation éternelle ? Oui ! Mais c’est parce qu’il a décidé d’abord de créer une humanité en Christ pour la gloire et la jouissance de cette gloire éternelle. Il n’y a pas dans la sphère de la création temporelle de bien sans mal, de lumière sans ténèbres, de jour sans nuit, de grâce sans condamnation, de joie sans peine. Dans la sphère de la divinité nous savons que Dieu est lumière qu’il n’y point en lui de ténèbres, mais nous créatures, même si nous sommes devenus participants de la nature divine par l’Evangile, nous avons un commencement qui implique cette dualité et cette mutabilité. Le dicton est bien vrai : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs » ! C’est une petite vérité dans le monde culinaire, mais c’est en fait un grand principe dans la création. Sachant de plus que prix de notre rédemption est d’une valeur inestimable, ne doutons pas que le résultat en vaut la peine, car nous savons que « la création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté des enfants de Dieu », (Rom.VIII ; 21, version Darby). Théodore de Bèze, le proche collaborateur de Jean Calvin, fait remarquer que  de la même masse Dieu a fait un vase d’honneur et un vase de déshonneur, ce qui implique que cette masse n’était pas immonde intrinsèquement sinon Rom.IX ; 21 n’aurait pas dit que de la même masse Dieu fait des vases différents, mais plutôt qu’Il transforme une partie de cette masse pour en faire des vases d’honneur. Cette masse était donc bonne en soi tout comme Adam au départ, mais seulement une  partie de cette masse qui toute entière se contamina après la  chute d’Adam était prédestinée pour l’honneur, tandis que le reste ne fut pas lavé dans le sang de l’Agneau. Caïn et Abel, Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü, sont d’autres allégories historiques de l’élection éternelle de Dieu.

 

     La logique même renforce notre position, car quand un architecte décide de construire un palais, ou une demeure splendide, il ne considère pas les éléments qu’il va utiliser dans sa construction dans leur état brut, sinon qu’il les fixe dans son plan dans leur état final et tous assemblés. Il ne se préoccupe pas de la boue dans laquelle se trouve le marbre qui git au fond de la carrière, sinon qu’il conçoit son édifice avec un marbre blanc et poli. Pourquoi Dieu agirait-il autrement, et penserait-il aux moyens, avant de penser à la fin ? Non Christ est d’abord la Tête de l’Eglise, et ensuite son Rédempteur. Christ était d’abord glorieux dans les cieux auprès  du Père, avant de s’humilier jusqu’à la mort et la mort en croix, comme Il le dit lui-même dans J.XVII ; 5. Et cette gloire qui lui avait été donnée par le Père, incluait l’Eglise, elle-même glorieuse quoique cachée en lui :J.XVII ; 6. En effet Eph.I : 3 et 4 nous dit que nous avons été bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ. Or cette bénédiction est un fait du passé et non du présent ou du futur, dû à l’élection qui a eu lieu avant la fondation du monde. Le sublalapsarien ou l’infralapsarien croient que Dieu nous a élu après la chute et que donc que la chute est la raison d’être du Dieu-Homme, qui s’est incarné pour nous sauver, tandis que nous croyons que la raison d’être du Dieu-Homme c’est le bon plaisir du Père qui trouve son contentement dans son Fils Jésus-Christ, et que l’Eglise a été faite pour le Christ, et non le Christ pour l’Eglise. Comme dit l’Ecriture : « la tête de la femme c’est l’homme, et la tête de l’homme c’est Christ et la tête de Christ c’est Dieu ». Or la tête n’est pas au service du corps, mais le corps au service de la tête !  

 

     Ma conclusion cependant ne sera pas dogmatique! En effet, je ne pense pas que cela vaut la peine de batailler sur l’ordre de la pensée divine. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit Jéhovah, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées »…Je crois donc que l’humilité et la tolérance s’imposent. Nos pensées suivent un cours, la pensée du l’Omniscient ne suit pas le cours de nos pensées, et bien évidemment englobe tout d’un coup et restera insondable même si une partie nous est  révélée selon la mesure de notre esprit ; sa pensée reste est infinie. Avoir son opinion sur ce que l’Ecriture déclare ; c’est bien car cela  permet à chacun d’aiguiser son esprit, créer des divisions sur des aspects qui n’altèrent pas les dogmes essentiels de notre religion, relève de la chair, et non d’une haute spiritualité.   Ce qui est clairement révélé par la Bible, c’est que Dieu  a élu  certains avant la fondation du monde, et selon le bon plaisir de sa volonté à la louange de la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son Bien-aimé et qu’Il a rejeté d’autres qui n’étaient ni meilleurs ni pires que nous car la grâce n’est pas une exigence,  ce qu’est  la justice puisque « justice et jugement sont la demeure de ton trône ». Si l’on est d’accord sur le fait que notre salut dépend uniquement du dessein éternel de Dieu, et que c’est sa Volonté qui prédétermine  toutes choses dans les cieux et sur la terre, faisons donc front uni contre l’arminianisme qui a détruit le protestantisme, selon le dessein diabolique de Rome élaboré par les jésuites. Luttons ensemble le bon combat de la foi, faisant nôtre cette parole d’admonestation : «car nous avons tous de la connaissance ; la connaissance enfle, mais l’amour édifie »,(1Cor.VIII ; 1, version Darby). Notre forteresse inexpugnable est la doctrine de la prédestination, nous ne nous rendrons pas, nous soutiendrons le dogme de la souveraineté divine et jusqu’au bout nous combattrons les partisans de ce fantôme de libre arbitre qui les amènera tous à lécher volontairement les pieds du pape !

     SOLI DEO GLORIA.

 

 

 

 

 

    

 

 
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