Radicalement Protestant
  LE PROGRES DU DOGME
 

     Il  y a un livre que je recommande a tout lecteur qui veut obtenir une vision correcte de l’histoire de l’Eglise militante, et c’est le livre de James Orr : “Le progrès du dogme”. Ce n’est pas trop difficile à lire et cela vous donne un panorama complet du développement des doctrines cardinales au sein du christianisme biblique. Evidemment quand on parle de doctrine beaucoup s’exclament : « A quoi bon tant de doctrine, puisque ce dont nous avons besoin c’est de vivre en esprit. Christ n’est pas une religion mais une relation » ! Alors bien sûr le livre du docteur Orr n’est pas indispensable pour vivre en esprit et chercher le chemin de la sainteté… Il ne nous donne qu’une vue historique de l’Eglise dans ses luttes pour défendre la foi qui a été donnée aux apôtres. Mais il est important de se rendre compte qu’il y a un parallélisme entre l’Histoire de l’Eglise et celle du chrétien dans sa lutte pour suivre la foi apostolique ; lutte à laquelle nous sommes tous appelés puisque  1 Ti.IV;16 y VI; 13, 14,20 nous dit: “Prends garde à toi-même et à la doctrine ; persiste en cela, car en agissant ainsi tu te sauveras toi-même et ceux qui ‘écoutent… Je t’ordonne devant Dieu que… tu gardes le commandement… Oh Timothée garde ce qui t’a été commandé”. L’Eglise a eu ses victoires et ses déroutes et maintenant elle affronte l’Apostasie finale qui doit précéder son Ravissement (2 Ths. II ; 3), et de la même manière les fils de Dieu ont leurs victoires et leurs défaites, et si l’on regarde les choses en profondeur tout tourne autour de la doctrine.

     Il y a une division nette entre 2 sortes de croyants : ceux qui vivent selon leur expérience intérieure et ceux qui vivent selon la doctrine de leur église ou dénomination. Ces groupes ont chacun raison lorsqu’ils affirment soit l’importance de l’expérience interne, soit l’importance de la doctrine, mais tous deux ont tort de faire une division entre ce qui fait les 2 faces de la même monnaie. Les enthousiastes, comme par exemple les pentecôtistes, cherchent  l’émotion qu’ils considèrent automatiquement spirituelle, et les docteurs modernes de la loi cherchent l’érudition à travers leur orthodoxie. Le chemin véritable c’est de comprendre l’expérience personnelle à travers la doctrine. Voyons donc brièvement ces 2 chemins erronés qui enferment leurs adeptes dans un cul de sac, et voyons ensuite quel est le chemin propre à nous faire croitre dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.

     Le chemin de l’expérience interne.

     Nous avons tous une expérience personnelle dans notre relation avec Christ, et il faut être attentif à la voix du Saint-Esprit qui nous guide dans cette relation. Le problème se pose quand on cherche à écouter cette voix hors des Ecritures, ou en dehors de l’analogie de la foi, c’est-à-dire en contradiction avec certains dogmes bien établis qui ont résisté le choc des siècles et des hérésies qui cherchèrent à les détruire. Evidemment le pentecôtisme est le mouvement le plus susceptible de tomber dans ce piège de l’ennemi, car c’est là que les fidèles essaient d’écouter Dieu de façon surnaturelle par des visions, des langues supposées angéliques, des apparitions d’anges, des rêves etc. Mais hélas ils ne sont pas les seuls à tomber de cette façon car d’autres évangéliques non pentecôtistes, bien qu’ils ne cherchent pas les phénomènes surnaturels sont néanmoins trop penchés sur leurs sentiments, leurs émotions, leurs impressions. Or la foi par laquelle nous devons avancer ne repose pas là-dessus, mais sur l’immutable Parole de Dieu. Néanmoins nous ne nions pas l’importance des sentiments, des émotions qui accompagnent un amour sincère, car nous  ne sommes pas des pierres mais avons reçu un cœur de chair. Le problème c’est de dépasser les bornes et marcher selon la vue ou les sentiments et non selon la foi.

 

     Le chemin de la lettre.

     « La lettre tue mais l’esprit vivifie » dit l’Ecriture. Cet autre groupe est celui de la lettre qui tue, ce sont des gens qui s’enferment dans une compréhension purement intellectuelle de la Parole de Dieu. Ils ont adopté un système d’interprétation qui peut être soit calviniste, soit arminien, soit allégorique soit littéral, et il vrai qu’il faut choisir car on ne peut être calviniste et arminien en même temps, ni amillénariste et millénariste. Et une école d’interprétation est dans le vrai et l’autre dans l’erreur. Mais il est aussi vrai que l’on peut être dans le groupe erroné des arminiens amillénaristes et être né de nouveau, et être dans le groupe de l’interprétation correcte, c’est-à-dire calviniste et millénariste, et être un enfant du diable ! Il ne faut pas nier l’importance de la doctrine, mais la chose essentielle c’est d’être né de nouveau. Celui qui est très orthodoxe dans sa doctrine mais qui n’aime pas son frère ne connait pas Dieu et n’est pas connu de Dieu (1 J. IV; . Comme dit le proverbe populaire : « Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs », et donc ne pas confondre le chemin qui est Christ, avec la carte qui indique ce chemin, c’est-à-dire la doctrine ! Ces gens possèdent la carte mais ne sont pas sur le chemin.

 

     Le seul chemin.

     Voyons maintenant le seul chemin qui se trouve entre ces 2 voies erronées. Le chemin qu’il faut prendre pour arriver à Sion commence par l’expérience interne de la régénération spirituelle. Cela n’a rien à voir avec la doctrine, cela n’a rien d’intellectuel et c’est donné à l’érudit comme à l’analphabète, au juif comme au chinois. Bien sûr dans l’immense majorité des cas cette révélation de Jésus-Christ dans le cœur du croyant est précédée par un prêche de l’évangile, et donc comporte certains éléments de doctrine, mais Dieu n’est pas obligé de passer par un agent humain pour révéler Jésus-Christ. Dans des cas exceptionnels l’Esprit-Saint peut révéler directement Jésus-Christ dans l’esprit du nouveau-né, tout comme cela arriva a Saul de Tarse qui ne reçut pas l’évangile par l’intermédiaire d’un apôtre, ou d’un frère, mais directement du Seigneur. Dieu nous envoie prêcher l’Evangile pour que ses élus soient sauvés, et c’est la façon dont Il opère normalement, mais il peut aussi se passer de tout agent humain, et Il continue de le faire dans certains cas pour montrer que l’important c’est la rencontre personnelle avec Dieu pas la doctrine exposée par l’évangéliste ou le prêcheur que normalement Il utilise.

     L’essence et le mystère de la puissance du christianisme c’est Christ en nous l’espérance de gloire (Col. I; 26 y 27). Le christianisme véritable commence toujours par la nouvelle naissance qui est une expérience transcendantale quand le Saint-Esprit se fraie un chemin dans notre esprit pour y demeurer éternellement au nom et à la gloire de Jésus-Christ, afin de nous amener au Père de toutes les lumières. En peu de mots ; le christianisme c’est Dieu en nous. En dehors de cette expérience il n’y a pas de christianisme, car comme dit le Seigneur : « Celui qui ne nait pas de l’eau et de l’Esprit ne peut pas entrer dans le royaume de Dieu » (J. III; 5).  L’eau bien sûr c’est la Parole de Dieu qui est appliquée par le Saint-Esprit à notre esprit, illuminant notre conscience par la connaissance de Jésus-Christ, nous rendant capables de comprendre les Ecritures, et nous donnant soif des choses d’en haut ; à ne pas confondre je vous en supplie avec l’eau de la cérémonie du baptême ! Quand cette Parole qui lave notre être intérieur a fait son effet, les conséquences sont irréversibles, tout comme quand le bébé sort du ventre de sa mère ; ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l’Esprit est esprit ! C’est une expérience au cours de laquelle l’homme est complètement passif, tout comme nous ne décidons pas de venir à ce monde en tel jour, de même nous ne décidons pas de naitre de nouveau, cela est complètement en dehors de notre sphère, cela vient d’en haut, et tout comme le soleil se lève de bon matin que tu sois endormi dans ton lit ou  debout préparant ton petit déjeuner, cela n’altère en rien l’activité solaire. De même quand le soleil de justice se lève dans le cœur des élus cela se passe suivant le calendrier de Dieu qui ne nous consulte pas pour établir la date qui nous correspond personnellement. Quand il fait jour nous disons que le soleil s’est levé, de même quand la lumière du Saint-Esprit inonde notre esprit nous nous exclamons : « Jésus-Christ est le Seigneur » ! Ainsi donc l’expérience de la nouvelle naissance est le 1er pas, et le plus important puisque c’est là que nous recevons la vie éternelle, les autres concernent la sanctification qui est le développement et le perfectionnement de notre relation avec Dieu, à partir de cette vie reçue par grâce au moyen de la foi implantée par le Saint-Esprit. Le second pas est généralement un enseignement doctrinal qui nous explique, en partie tout du moins, ce qui s’est passé dans le 1er pas, mais il n’y pas d’ordre systématique dans la vie spirituelle sauf concernant le 1er pas. Cela peut être doctrine puis expérience qui prouve cette doctrine, ou inversement ; expérience puis doctrine qui explique cette expérience. Je citerai un exemple personnel pour mettre au clair ce que je viens d’affirmer.

     Il y a plus de 20 ans alors que je m’efforçais à ma manière de me comporter d’une façon digne de ma vocation, je passai un feu rouge en bicyclette tôt le matin alors que je me rendais au travail. Surgit un gendarme en moto qui me dépassa, m’arrêta, et m’inculpa en toute justice d’avoir grillé le feu rouge. Dans ma crainte et ma culpabilité, un mensonge jaillit de ma bouche, et je lui répondis que j’étais en retard pour le travail, et donc que je fonçai et que je n’avais pas vu le feu rouge. Il accepta mon excuse mensongère et me laissa continuer ma route. Mais en fait je ne savais plus si continuer ma route puisque le but de ma vie était d’honorer Dieu, et c’est pour cela aussi que je travaillais ! (En France avec l’Etat providence et ses subventions pour les fainéants soi-disant victimes de l’éternelle crise économique, il n’y a pas vraiment besoin de travailler pour gagner son pain, sinon seulement remplir des papiers  en y glissant quelques petits mensonges assurant que l’on est sincèrement à la recherche d’un travail!) A ce moment je me rendis compte que bien que je ne fusse pas un fainéant, j’étais assurément un menteur, et je fus donc sur le point de ne pas aller au travail, et d’abandonner mes projets, et de me laisser aller au désespoir. Voilà donc une expérimentation du péché qui demeure toujours dans le croyant. Mais si je n’étais pas arrivé plus tard à la connaissance de la doctrine qui m’instruit sur la dépravation totale de l’homme et sur la persévérance des saints (2 points des 5 points du calvinisme), ou en serais-je aujourd’hui ; vivant à moitié nu dans une caverne à essayer de me débarrasser du péché qui est en moi en jouant l’anachorète du XXIème siècle, ou faisant la queue à l’ANPE ? Mais grâce à Dieu, le Saint-Esprit m’instruisit dans la doctrine du péché et de la justification par la foi pas par les œuvres, et je ne tombai pas dans le masochisme de l’anachorète ou le désespoir du chômeur !

     Mais avant de continuer définissons un peu la doctrine. Qu’est-ce que la doctrine ? Pour l’exprimer en peu de paroles : la doctrine est ce qui explique l’expérience dans la vie spirituelle du croyant. La doctrine s’adresse à la raison, l’expérience touche la conscience. L’homme ne possède pas seulement un esprit qui lui permet d’être en contact direct avec Dieu qui est Esprit, mais il possède aussi une âme. L’homme n’utilise pas seulement sa conscience dans sa relation avec Dieu, mais aussi son intelligence, et il y a une relation vitale entre son esprit, où commence il commence à expérimenter la présence de Dieu, et son âme qui entre dans un processus graduel de transformation, qui la rend apte pour ensuite aider l’esprit à comprendre comment être plus réceptif et docile a l’hôte divin qui l’habite. La Bible parle de l’esprit de notre intelligence (Eph. IV ; 23), ce qui implique qu’après la régénération spirituelle, l’intelligence du croyant est chargée de nourrir son esprit par la Parole de Dieu, c’est pourquoi il est écrit : « désirez comme des enfants nouveau-nés, le lait non frelaté de la Parole, afin que vous croissiez par lui, si vous avez gouté que le Seigneur est bon » (1.P.II ; 2). Notre croissance spirituelle dépend de l’usage que nous faisons de nos capacités mentales. Seule notre intelligence peut fournir à notre esprit l’aliment dont il a besoin, si celle-ci est absorbée et modelée par l’étude et la méditation constante des Ecritures. Le témoignage d’un grand prédicateur londonien, le pasteur méthodiste (calviniste) Lloyd Jones confirmera mon témoignage. Il dit en effet dans son livre « Le mariage »:

« Le fait de nous être convertis en chrétiens, et que le problème de base de notre relation avec Dieu ait été corrigé, ne signifie pas que maintenant nous sommes automatiquement dans le vrai dans tout ce que nous pensons, disons et faisons. La doctrine et la pratique ne doivent jamais être séparées parce que l’une aide l’autre… Et ce que nous devons considérer constamment car tout résulte de cela ; c’est que la doctrine et la pratique sont si étroitement liées qu’elles ne peuvent être séparées. Pour cela quiconque affirme : "Moi ce qui m’intéresse ce sont uniquement les aspects pratiques", en réalité est en train de nier l’essence du message chrétien… Et c’est là où les gens sans fondements et superficiels se moquent de la doctrine, montrant leur ignorance et leur sottise. "Ah", disent-ils  “ces gens ne sont intéressés seulement que par la doctrine ; nous nous sommes des personnes pratiques". Mais on ne peut être pratique sans doctrine, on ne peut réellement aimer son épouse à moins que l’on ne comprenne quelque chose de cette doctrine, quelque chose à propos de ce grand mystère. "Ah", disent d’autres, "ça  c’est trop difficile, je ne peux la suivre en aucun cas". Mais si vous voulez vivre comme chrétien, vous devez la suivre, vous devez y prendre garde, vous devez penser, vous devez étudier, vous devez essayer de comprendre, vous devez arriver à un terme avec elle. Ça c’est mis là pour vous, et si vous lui tournez le dos, vous êtes en train de refuser quelque chose que Dieu vous donne, et alors c’est un terrible péché. Refuser la doctrine est un terrible péché. Ne mettez jamais en opposition la pratique et la doctrine, car vous ne pourrez la pratiquer si vous ne l’avez pas…”

     Ainsi donc la doctrine est le manuel de notre relation avec Dieu. Le fameux livre de Jean Bunyan intitulé « Le progrès du pèlerin » est une des meilleures œuvres de la littérature protestante pour comprendre cette relation intrinsèque de l’expérience chrétienne avec la doctrine.

      Tous les hommes, qu’ils soient croyants ou athées veulent être heureux. Personne ne désire être malheureux, mais les seuls qui peuvent arriver au véritable bonheur sont uniquement ceux qui sont nés de nouveau. C’est pourquoi la Bible nous donne cet ordre : « Réjouissez toujours dans le Seigneur, je vous le répète, réjouissez-vous ! »(Phi. IV ; 4). Maintenant il est évident que pour se réjouir constamment dans le Seigneur il faut un minimum de connaissance doctrinale car nous vivons dans un monde qui hait notre Seigneur, nous avons le péché en nous qui nous pèse, et le diable au-dehors qui cherche à nous dévorer. Du fait de ces 3 ennemis irréductibles il est impossible de se réjouir sans cesse dans le Seigneur, car si nous ne connaissons pas la vérité nous ne serons pas libres de ces ennemis, mais victimes de notre propre concupiscence et emportés par le courant du monde selon la volonté de son prince, celui de la puissance des airs. Sans connaitre les doctrines concernant ces 3 ennemis, doctrines qui décrivent et nous expliquent comment les vaincre, le chrétien ne pourra se réjouir dans ses débâcles qui déshonorent son Sauveur. C’est pourquoi la vie chrétienne est intiment liée avec la connaissance doctrinale. L’expérience a besoin de la doctrine pour être victorieuse comme dit Phi. I ; 9 : « Et ce que je demande dans mes prières c’est que votre amour (expérience de Dieu car Il est amour) augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des meilleures choses (doctrine) afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ ». Et je reviens sur ce que je disais au départ : il y a une analogie évidente entre l’Histoire de l’Eglise militante et l’histoire de tout croyant véritable qui arrive à une certaine maturité. D’ailleurs on retrouve souvent cette analogie dans le monde naturel entre le macrocosme et le microcosme, entre le cosmos et l’atome.

      La vie chrétienne commence obligatoirement et sans exception aucune, par la révélation de Jésus-Christ dans le cœur du croyant, et ce fut également le cas dans la première étape de la vie de l’Eglise ; étape qui consista à affirmer et défendre la révélation de Jésus-Christ comme Dieu fait homme.

     La majorité des nouveau-nés en Christ ne comprennent pas comment Dieu nous sauve, mais seulement savent que Jésus est leur Seigneur et leur Dieu. Cette étape correspond dans l’Histoire de l’Eglise au temps des grandes controverses sur la nature de notre Seigneur Jésus-Christ, et cette étape s’acheva avec le concile de Chalcédoine en 451, par lequel fut établi définitivement le dogme de la très sainte Trinité grâce à l’action énergique d’Athanase. L’essence de ce Crédo étant que Jésus est “Un et Christ, Fils unique de Dieu, Seigneur, confessé en 2 natures, sans confusion, sans conversion, sans division, sans séparation”. De la même manière, mais de façon plus simple, le vrai chrétien né de nouveau confesse qu’il y a un seul Dieu en trois Personnes coéternelles et que Jésus est la seconde Personne incarnée pour nous les hommes ; Il est le Verbe fait chair (J. I ; 14). Par conséquent toute personne qui affirme être chrétienne et qui rejette le dogme de la Trinité après qu’il lui ait été exposé clairement à la lumière des Ecritures, n’est pas né de nouveau, car l’office du Saint-Esprit c’est justement de révéler et de glorifier le Fils de Dieu. Celui qui nie la divinité de Jésus, ou son existence coéternelle avec le Père, n’est pas né de nouveau. Il y a par exemple une secte pentecôtiste qui prêche la forme la plus dangereuse d’unitarisme, car ces gens affirment que Jésus est Dieu fait homme mais qu’il est aussi le Père.  C’est-à-dire que pour eux le Père et le Fils sont la même Personne dans un temps différent. Et ils ne sont pas les seuls à soutenir cette hérésie qui fut condamnée durant les premières grandes controverses que dut affronter l’Eglise. Cette hérésie s’appelait sabellianisme dans sa forme la plus raffinée, et dans sa forme originale elle fut disséminée par Praexas au cours du  3eme siècle. Toute cette sorte d’hérétiques soutient une espèce de trinité successive où Dieu est Père dans l’AT, Fils durant le ministère terrestre de Jésus-Christ, Esprit-Saint dans l’Eglise du NT. Ils nient tous la très sainte Trinité qui est Dieu et dont les 3 Personnes consubstantielles coexistent et ont une relation entre elles. C’est pourquoi il faut être prudent et ne pas se contenter d’une simple confession sur la personne divine et humaine de Jésus pour ouvrir la porte de la communion car « celui-là est l’antéchrist qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père » (1 J. II ; 22, 23). Ces gens-là sont donc des antéchrists puisque quand ils admettent le Fils ils nient que le Père existe, et quand ils admettent le Père ils nient que le Fils existe, car selon eux il n’y a qu’une seule personne dans la divinité ! Le trait commun de tous ces unitariens (et n’oublions pas les musulmans) c’est que ne pouvant comprendre intellectuellement la Trinité, il la rejette, tandis que les vrais croyants ne pouvant la comprendre mais la voyant dans l’Ecriture l’acceptent car l’Esprit-Saint rend témoignage à leur esprit que Jésus est Dieu du vrai Dieu, et que ses prières ne sont pas de longs monologues mais une conversation entre 2 personnes ; le Fils incarné et le Père. Deux Personnes qui sont différentes, qui ont leur propre volonté, mais l’Un est soumis à l’Autre comme Jésus le dit dans J. V ; 30 : « Je ne cherche pas MA volonté, mais la volonté DU Père qui m’a envoyé ». Les unitariens comme par exemple les Témoins (Russellistes) sont moins dangereux car ils viennent avec leur gros sabots proclamant leur cécité spirituelle en annonçant à tout le monde que Jésus n’est pas Jéhovah mais une créature, par contre les nouveaux adeptes de Sabellien sont plus dangereux car plus fins… C’est pourquoi il est nécessaire après avoir reçu en son cœur le Seigneur Jésus de connaitre de suite la doctrine de Trinité pour ne pas perdre son temps avec tous ces faux frères, et non seulement le temps mais aussi les occasions de servir notre Seigneur.

      C’est important à notre niveau personnel car la façon dont nous avons utilisé notre court séjour ici-bas et les occasions qui nous sont offertes ont des conséquences éternelles puisqu’elles déterminent notre position dans le royaume des cieux. En effet l’entrée y est gratuite, même si certains entrent in extremis tandis que d’autres d’un pas ferme ; l’entrée est accordée par grâce au moyen de la foi qui est elle-même un don de Dieu qui est donné aux élus uniquement. Mais la position à l’intérieur du Royaume c’est par les œuvres, mais c’est un autre thème…

      L’estime accordée à la Bible est aussi une autre similitude entre le commencement de l’Eglise et celui de la vie du chrétien nouveau-né. Au début du 2eme siècle les églises chrétiennes dans leurs sévères affrontements avec les gnostiques firent appel constamment à l’autorité des apôtres, mais les apôtres étaient déjà tous partis de ce monde, et la seule chose que les églises possédaient directement d’eux étaient leurs lettres, ou plutôt les copies de leurs lettres qui étaient disséminées dans les églises locales. De ce fait ils durent les compiler, et ainsi par la direction du Saint-Esprit, former le canon du NT. Face aux arguments des gnostiques qui reposaient sur le témoignage de leur expérience interne, nos pères firent appel au témoignage externe de toute la Bible. C’est aussi ce qui caractérise la nouvelle vie implantée dans le croyant ; sa conviction inébranlable dans l’infaillibilité des Ecritures. Le pèlerin commence donc son voyage avec la foi dans la deuxième  Personne de la Trinité faite chair, et dans l’autorité infaillible de la Bible. Celui qui rejette ces 2 fondements n’est pas né de nouveau, son christianisme est nominal et l’Esprit-Saint ne l’a pas régénéré. Voyons à présent le pas suivant.

     Après la victoire de l’Eglise sur les hérésies gnostiques et unitariennes, victoire couronnée par l’établissement de quelques crédos très connus au sein des églises, comme celui des Apôtres et de Nicée, et la fixation du canon des Ecritures, le christianisme s’officialisa, s’endormit et sombra dans la corruption sacerdotale à l’Orient comme à l’Occident. 1000 ans passèrent et ce sommeil mortel ne put être interrompu en dépit des efforts de grands hommes bien connus comme Wycliffe, Husse, Savonarola et d’autres saints moins connus. Mais un beau jour un moine augustin du nom de Martin Luther fit éclater la grande controverse sotériologique, laquelle enclencha la Réforme Protestante qui libéra le christianisme des ténèbres du catholicisme. De même le chrétien nouveau-né peut sombrer lui aussi dans un profond sommeil durant des années à cause d’une ignorance totale de l’œuvre accomplie par Christ sur la croix du Calvaire.

     Notre vie chrétienne est une course contre la montre ; que nous le voulions ou non il nous faut avancer sur le chemin de la sanctification, et celui qui ne veut pas s’efforcer à croitre dans la  grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ ne va pas trouver une aire de repos pour piqueniquer en attendant que Jésus-Christ descende du ciel. Tôt ou tard il va devoir affronter des situations de plus en plus difficiles, jusqu’à ce qu’il clame comme Jéhovah le lui ordonne, car il est écrit : « Clame vers Moi et Moi je te répondrai, et je te montrerai des choses grandes et occultes que toi tu ne connais pas ». Avant que nous clamions Dieu peut très bien utiliser la ruine économique, une maladie grave, la perte d’un être chéri, un gros problème au sein du foyer, un danger imminent, une persécution violente etc. Le fait est que le Saint-Esprit ne nous laissera pas nous endormir jusqu’à ce que nous périssions, car la bonne œuvre qu’il a commencée en nous Il la finira d’une façon ou d’une autre. Son but c’est que nous avancions dans notre relation avec Dieu le Père par la connaissance notre Seigneur Jésus-Christ, et donc le fait de clamer vers Dieu ne nous libèrera pas automatiquement du problème, mais surement de ses conséquences les plus néfastes, c’est-à-dire spirituelles. Car le but est que nous connaissions Sa volonté et nous nous y soumettions, et Sa volonté c’est notre sanctification laquelle s’effectue à travers une connaissance certaine, non seulement de la personne adorable de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, mais aussi de son œuvre achevée sur la croix. Connaissant véritablement le pouvoir et le but de l’expiation nous pourrons alors nous exclamer (comme Paul) en face de toutes les épreuves de cette vie : «nous sommes pressés de toute manière mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non détruits ; portant toujours avec nous dans notre corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps » (2 Co. IV ; 8 à 10). Le but c’est que la vie de Jésus se manifeste dans nos vies et bien que les épreuves se multiplient (souvent à cause de notre ignorance et notre paresse), l’angoisse et le désespoir disparaissent, et la vie par la foi s’affermit. Celui qui ne veut pas croitre dans la connaissance car il estime qu’avec son crédo de base c’est suffisant pour la route, ne pourra vaincre les épreuves, et sera défait par les angoisses et le découragement, comme dit l’Ecriture : « Mon peuple fut détruit par manque de connaissance » !

      La connaissance passe par la doctrine, car c’est elle qui explique, corrige, connecte, perfectionne l’expérience personnelle que chacun a avec Dieu. On peut comparer un peu l’expérience de la vie chrétienne authentique avec celle d’un survivant d’une catastrophe aérienne dont le vol s’écrasa en pleine jungle. Il s’en sort indemne mais il est maintenant dans un territoire inconnu et dangereux, et il doit retrouver le chemin à la civilisation. Heureusement il est en possession d’une carte et d’une boussole, et il peut espérer arriver ainsi au premier village qui y est indiqué. La carte pour le chrétien c’est la doctrine qui signale le chemin correct vers Dieu, et la boussole c’est le Saint-Esprit qui permet de suivre sur le terrain le chemin indiqué sur la carte. Sans la doctrine du péché originel comment expliquer les souffrances, les injustices, les guerres, la mort, les maladies, le processus même de vieillissement? C’est impossible ! Tout cela n’a pas de sens, et c’est précisément ce que ne cessent de rabâcher les incroyants : « Comment un Dieu bon et tout puissant peut-il permettre tant de mal, car qu’ont mérité ces petits enfants et bébés pour périr sous les bombes, ou d’inanition, ou de choléra ? » En revanche le croyant qui connait la doctrine du péché et sait qu’en Adam nous sommes tous tombés et sommes tous coupables par nature, ne perd pas sa foi en son Dieu, sinon qu’il Le loue pour tant de patience et de miséricorde en sa faveur. Une fois que l’on sait que le péché est entré par un homme et par le péché la mort, tout s’explique et l’on ne sombre pas dans l’existentialisme sartrien qui revient à dire  que nous sommes tous fourrés dans une histoire qui au fond n’a ni queue ni tête, et que l’essentiel c’est de savoir vivre le moment présent… Comment pourrons-nous corriger notre façon de vivre sans la connaissance de la doctrine de la sainteté de Dieu révélée dans ses commandements ? Impossible car sans la loi, le péché qui fait partie de notre héritage génétique n’est pas manifesté ! Comment nous connecter avec ce Dieu 3 fois Saint sans la connaissance de la doctrine de la substitution, laquelle nous assure que nous pouvons nous approcher en toute confiance et liberté de notre Père céleste, par le chemin nouveau et vivant que son Fils a ouvert par son sang, répandu sur la croix pour nous les hommes ? Impossible, car sans cette la connaissance de cette doctrine le diable ne cessera de nous accuser en nous rappelant nos péchés, et nous n’aurons aucun argument valide à lui opposer, et ne pourrons donc avec une conscience chargée de péchés nous approcher du Saint qui hait le péché dans toutes ses formes ! Comment perfectionner notre relation avec Dieu sans crucifier la chair, sans lutter contre notre pensée égocentrique et terre à terre (charnelle)? Impossible sans la doctrine de la foi, car « nous marchons par la foi pas par la vue » et « sans foi il est impossible de plaire à Dieu ». C’est par la foi que nous pouvons nous considérer morts au péché mais vivant pour Dieu, et ainsi vivre en Lui et le connaitre chaque jour davantage ! Comme vous le voyez mes frères l’expérience a besoin de la connaissance doctrinale, et s’il n’y a pas cette connaissance, la relation avec Dieu ne s’enrichira pas, et cela peut nous faire tomber dans les filets du diable. Ceci bien sûr ne veut pas dire que Satan peut nous quitter le salut par ses fausses doctrines, mais il nous quitte la joie du salut et l’efficacité du ministère que tout chrétien ou chrétienne reçoit avec sa vocation. C’est pourquoi tout comme le 1er grand combat de l’Eglise fut pour établir le dogme de la très sainte Trinité et le canon des Ecritures, le second combat fut pour défendre tout ce qui concerne l’œuvre de Christ sur la croix. La seconde lutte fut d’ordre sotériologique, et c’est ce qui se passe en général avec le chrétien qui doit donner le second pas important dans sa vie spirituelle. En effet après avoir reçu la révélation de Jésus-Christ comme son Seigneur et son Dieu personnel, il doit arriver à savoir quelle sorte de Sauveur est Jésus. La majorité n’y arrive pas hélas, et reste attrapée dans le piège de l’arminianisme. J’ai souvent traité cette doctrine hérétique qui se résume en 5 propositions doctrinales, et dont la réponse donnée par les défenseurs du vrai évangile a permis l’établissement des fameux 5 points du calvinisme. Par conséquent nous n’allons pas revenir là-dessus puisque notre thème aujourd’hui c’est la relation entre vie chrétienne et doctrine. Voyons donc maintenant quel est l’avantage de posséder la vraie doctrine sotériologique, c’est-à-dire la façon de comprendre l’expiation qu’ont les calvinistes.

     Le chrétien véritable doit arriver à la connaissance du but et de la portée de l’œuvre de Christ sur la croix afin d’avancer ferme et joyeux sur le chemin de la sanctification. En effet il n’aura ni sécurité, ni joie constante, aussi longtemps qu’il ne sera pas sûr  que « Dieu montre son amour envers nous dans le fait qu’étant encore des pécheurs Christ est mort pour nous ». Celui qui ne connait pas précisément le but et la portée de l’œuvre de Christ achevée sur la croix du Calvaire, ne pourra se réjouir continuellement dans ce grand salut.

     Le but c’est d’expier nos péchés, répondre pour nos offenses, porter notre culpabilité, recevoir notre châtiment, et ainsi nous constituer justes devant Dieu ; comme dit l’Ecriture : « Par un seul sacrifice il a rendu parfaits (légalement) ceux qui sont sanctifiés ». Sachant que son sacrifice sur la croix satisfait pleinement les exigences de la loi divine, nous avons la paix avec Dieu et savons que les portes du paradis nous sont ouvertes. Néanmoins les arminiens croient cela aussi mais ils ne peuvent s’en réjouir constamment car ils ignorent la portée de ce sacrifice, et s’imaginent qu’elle est indéfinie et varie suivant le libre-arbitre humain. En revanche nous les calvinistes par la grâce de Dieu nous savons au moyen des Ecritures que cette œuvre grandiose de Christ a une portée qui ne dépend pas du soi-disant libre-arbitre de l’homme, car « cela ne dépend pas de qui veut ni de qui court mais de Dieu qui fait miséricorde », et cette miséricorde dépend de la grâce qui nous a été faite en Christ avant les temps des siècles, car en lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde » (Eph. I ; 4). La portée des bénéfices qu’octroie le sang versé sur la croix est invariable, elle se limite au nombre précis des élus. Qui sont les élus ?  Ce sont tous ceux qui croient en Jésus-Christ. Mais qui sont ceux qui croient en Jésus-Christ ? Et bien ce sont ceux qui croient à la très sainte Trinité et à l’autorité infaillible de la Bible, c’est-à-dire ceux qui ont fait le 1er pas, mais qui l’ont fait vraiment, et donc haïssent le péché, aiment leurs frères et pratiquent la justice (1 J. II; 10, 11, 29). Après le 1er pas qui concerne le salut vient le second pas, et tous les autres qui suivent et concernent la sanctification. Peu entrent par la porte étroite du salut, et encore moins arrivent à marcher d’un pas ferme sur le chemin de la sanctification, à cause de l’ignorance de la doctrine due dans certains cas à la paresse. En effet beaucoup une fois qu’ils sont sauvés, se contentent d’aller à une église le dimanche, et de participer à quelques activités religieuses, sans se donner la peine d’étudier personnellement la doctrine et de s’enquérir du but et de la portée de l’expiation, afin de s’assurer s’ils sont couverts par le sang de l’Agneau, et ainsi marcher joyeusement sur le sentier étroit d’un pas ferme. Ils pensent que c’est quelque chose de trop élevé pour eux, que s’enquérir de la doctrine est une affaire de spécialistes, de théologiens diplômés. Mais ils errent dangereusement car la doctrine est faite pour nous aider à comprendre le chemin, et à le parcourir de façon à glorifier notre Seigneur Jésus, et à aider nos frères et nos sœurs qui sont peut-être bloqués à cause d’une mauvaise compréhension doctrinale.

     La question concernant la doctrine n’est pas : veux-tu devenir un docteur en théologie, monter en chaire, susciter l’admiration de tes frères et être appelé révérend ? La question est : veux-tu éviter des souffrances inutiles, des angoisses, des pièges du diable ? Veux-tu être utile à ton Sauveur et à tes frères ? Et comme personne ne veut souffrir des pénalités qui peuvent être évitées, et tomber dans des arnaques sataniques qui débouchent sur des souffrances et des angoisses, il vaut mieux  se rendre au pied de la croix et  considérer le dessein dans lequel le sang de l’Agneau a été versé, et son efficacité. Il vaut mieux connaitre la vraie doctrine de la propitiation pour nos péchés. Une fois que nous comprenons le plan du salut, nous pouvons cheminer fermement et avec joie vers la montagne de Sion.

     Quand le Saint-Esprit révéla a Martin Luther que le salut est par la foi sans les œuvres, il fut libéré instantanément de toutes ses angoisses, et il commença une lutte qui non seulement libéra le christianisme du joug papal, mais transforma le monde entier donnant liberté et lumière a toutes les nations qui devinrent protestantes. Le protestantisme est la source de la démocratie et du progrès, car là où est l’Esprit du Seigneur il y a liberté, et là ou circule librement la Bible, l’Esprit du Seigneur est présent avec force. Tout cela provint d’une redécouverte de la doctrine de la justification par la foi. Regardez par contre l’œuvre de François d’Assise ; qu’a-t-il fait avec ses vœux de chasteté et de pauvreté, avec ses jeûnes et ses  exploits ascétiques ? Rien et pire que rien puisqu’il créa un nouvel ordre monastique à l’intérieur du papisme pour ceux qui avaient un idéal (faussé) de pureté évangélique ! Car qu’est-ce qu’un franciscain sinon un pauvre homme qui croit pouvoir satisfaire le Seigneur par ses exploits ascétiques, alors qu’en fait il ne satisfait que sa pensée charnelle (Col. II ; 23). L’un par sa connaissance de la doctrine de la justification par la foi, en se libérant libéra des millions de croyants de l’esclavage des œuvres qui jamais ne justifieront ceux qui les pratiquent, tandis que l’autre avec tous ses sacrifices et son zèle ardant ne fit rien de bon et peut-être même termina en enfer… Voyez donc mes frères, l’importance de la doctrine dans l’expérience personnelle et dans l’Histoire de l’Eglise et de l’humanité !

     Nous avons parlé jusqu’à présent de ce 2 pas que le chrétien  doit faire pour avancer dans sa vie spirituelle, mais il y a aussi beaucoup d’autres pas doctrinaux qu’il faut faire. On pourrait citer la doctrine des baptêmes, de l’imposition des mains (institution ministérielle), de la saine Cène, de la constitution humaine en dicho ou trichotomie, en plus des 5 points du calvinisme, mais je me limiterai à un point supplémentaire qui justement a été durant le dernier siècle, le grand pas qu’a fait l’Eglise militante, et qui a pour le croyant un impact positif sur sa façon de marcher dans le Seigneur. Je pense à la doctrine de la seconde venue de Jésus-Christ.

    Evidemment ce n’est pas aussi capital que les 2 premiers pas, car le plus important pour avoir la vie éternelle c’est de croire que Jésus est le Fils de Dieu la deuxième Personne de la Trinité faite homme pour nous les hommes. Après être né de nouveau, le plus important c’est de croitre en force et en stature, et cela demande de connaitre l’œuvre de Jésus-Christ effectuée dans son 1er avènement ; cela demande donc une connaissance sotériologique de base qui soit solide qui dépende du dessein éternel et immutable de Dieu, et non de l’inconstance et de la faiblesse de la volonté humaine. Mais aujourd’hui pour maintenir notre espérance vivante et active au milieu du chant des sirènes de la soi-disant science moderne, c’est-à-dire une connaissance du monde physique coupée de la connaissance de Dieu, il nous faut la doctrine eschatologique correcte. Or justement dans les 150 dernières années il y a eu une renaissance notable du millénarisme dans le sein des églises protestantes. Spurgeon était un millénariste, ainsi que Pink, et Lloyd Jones, et aucun des 3 n’était dispensationaliste ! Le millénarisme est une doctrine eschatologique qui a un effet vivifiant sur l’Eglise et dans l’expérience personnelle du croyant. En effet le chrétien qui a compris par le Saint-Esprit, à la lumière des Ecritures, que Christ doit revenir régner 1000 ans sur cette terre avant que nous passions l’éternité sur la nouvelle terre, est amené automatiquement à comprendre les prophéties de l’AT concernant la nation d’Israël, de façon littérale et rejette la théologie du remplacement, selon laquelle Israël est systématiquement synonyme de l’Eglise. L’interprétation allégorique forcée n’est plus de mise pour qui croit qu’il y a un futur glorieux pour la nation israélienne. Cependant certains diront : « qu’est-ce que cela a voir le futur glorieux d’Israël avec notre expérience chrétienne quotidienne ? »

     En fait cela a une influence notable car depuis le 14 mai 1948 Israël est redevenue une nation souveraine sur l’échiquier international. Cette renaissance de l’Etat hébreux a remis en route le chronomètre prophétique concernant la fin de la fin des temps, c’est-à-dire le retour de notre Seigneur Jésus-Christ d’où il est parti, et où il doit revenir : le mont des Oliviers (Zac. XIV ; 4). Or le chronomètre de la Parousie une fois qu’il est enclenché, est limité à la durée d’une génération : 100 ans selon Gn. XV ; 13 et 16. En plus cela demande de grosses œillères pour ne pas voir qu’avec la prédication de l’évangile, la prophétie de Jésus s’est accomplie à la lettre,( Mt. XXIV ; 14 et 15). Elle s’est accomplie du fait du progrès exponentiel des communications modernes qui a touché toutes les nations sans exception, car même en Corée du Nord où la Bible est interdite, des centaines de croyants sont emprisonnés pour leur foi! Et même si le temps d’une génération peut osciller entre 70 et 120 ans, (comparez Gn. VI; 3 et Ps. XC; 10),  le fait est qu’au plus tard le chronomètre s’est mis en route en 1948 et que cette génération ne passera point que Jésus n’ait posé ses pieds de nouveau sur le mont des Oliviers (Zac. XIV ; 4).  Considérez aussi que même le monde incroyant est consterné par les évènements du Moyen-Orient, et depuis mai 1948 ses yeux sont braqués tous les jours sur cette minuscule nation. Les seuls qui ne voient rien de spécial sont nos frères amillénaristes et postmillénaristes puisqu’ils s’imaginent être la nation d’Israël et que donc quelques millénaires peuvent encore passer ! Nous par contre les millénaristes nous sommes à l’expectative puisque nous savons que ce siècle XXI est assurément le dernier, et que nous sommes dans les jours de Lot ! Il y a bien sur plusieurs formes de millénarisme et grâce à Dieu nous ne sommes pas tous dispensationalistes ! Mais nous avons tous cette attitude d’expectation, d’être sur le qui-vive que n’ont pas nos autres frères protestants.

      Cette doctrine influe donc sur notre expérience de la vie chrétienne, car celui qui la croit fermement ne se préoccupera pas tant pour la carrière universitaire de ses filles, sinon plutôt pour les préparer à cet évènement transcendantal qui seul est surpassé par la 1er avènement du Seigneur Jésus, car ce croyant sait qu’après le  Ravissement de l’Eglise ceux qui resteront derrière, ne resteront pas pour se faire une place confortable dans la société, sinon pour adorer la bête et son image et recevoir sa marque. Ou s’ils se convertissent probablement passer à la guillotine (Ap. XX; 4) ! Avec notre eschatologie, les illusions de la société de consommation ont plus de difficulté pour endormir le croyant, surtout s’il a jeté l’image de la bête (la TV) de sa maison ! Comme dit l’apôtre Pierre : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. Puis donc que toutes ces choses doivent se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par la sainteté de la conduite et par et par la piété, attendant et hâtant l’avènement du Jour de Dieu » (2 P. II ; 10 à 12). Or la majorité des protestants et pratiquement toutes les églises qui n’ont pas compris que le millénarisme est l’eschatologie correcte, comme l’avaient bien compris les chrétiens des 3 premiers siècles avant que n’apparaissent les champions de l’allégorie et du sacrement, tombent dans le piège de la tradition, de la routine, et se préoccupent plus pour leur consistoires, leurs assemblées administratives et autres futilités que pour le retour du Seigneur, et ne se rendent pas compte que l’Apostasie est là  et que le fils de perdition, qui selon ce que j’ai pu comprendre devrait être le pape Numéro 6, est sur le point d’entrer sur la scène et prendre les rênes de l’UE qui est assurément le nouvel empire romain.

     D’autres évangéliques emportés par le mouvement pentecôtiste s’imaginent qu’ils sont dans  un grand supermarché dont le propriétaire est Dieu et qu’il leur a donné crédit illimité pour satisfaire leurs désirs mondains. En fait tous se sont endormis devant leurs téléviseurs, seul un reste est conscient de la réalité, et ce reste est en majorité millénariste.

     Pour terminer je dois insister sur le fait que le progrès du dogme dans l’Eglise implique une illumination progressive au travers de luttes intempestives. Mais à chaque fin de controverse la vérité d’une doctrine qui a triomphé n’a pas eu après à remettre de nouveau en cause la question résolue. De même dans l’expérience personnelle du chrétien une fois qu’il a résolu un problème en trouvant la solution doctrinale à ce problème, il ne revient pas en arrière. L’Eglise au cours des siècles a avancé dans l’élaboration de ses dogmes, et une fois par exemple que le dogme de la Trinité fut établi ; il n’y a plus eu de concile pour le rediscuter, de même une fois que le dogme du salut par la foi fut établi par Luther, les églises protestantes ne l’ont plus jamais remis en cause. Pour avancer que ce soit collectivement au sein de l’Eglise, ou individuellement dans notre processus de sanctification personnelle, il faut avoir des bases solides, et ceux qui accumulent de nouvelles doctrines en faisant chaque fois table rase construisent en fait sur des sables mouvants. Beaucoup s’imaginent trouver une vérité nouvelle qui balaie les dogmes établis sur lesquels reposent notre foi, et en fait ils ne font que répéter de vieilles hérésies unitariennes en général. L’expérience chrétienne a besoin de la doctrine comme nous l’avons souligné depuis le début de cet article, pour se perfectionner et avancer dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur, mais cet avancement doit être basé sur ce qui a été déjà assimilé. Il y a beaucoup de soi-disant évangéliques qui aujourd’hui son calvinistes et demain arminiens, aujourd’hui ils sont trinitaires et demain unitariens, aujourd’hui ils sont césacionistes et demain pentecôtistes ; en fait ils ne sont pas sur le chemin étroit qui suit l’analogie de la foi mais sur le chemin ample qui répète sans cesse les vieilles hérésies sous de nouveaux noms. On ne peut pas faire un pas en avant et 2 en arrière ;  si on veut arriver au but il faut marcher d’un pas ferme, même si c’est un pas lent cela doit être un pas sûr : « qui va doucement va surement » ! C’est vrai que comme dit Spurgeon nous naissons tous arminiens, cependant grâce à Dieu beaucoup deviennent ensuite calvinistes quand ils se rendent compte que « le libre-arbitre ne sert à rien sinon à pécher » (Augustin). Une fois qu’une vérité a été expérimentée personnellement et qu’elle est proclamée par l’Histoire de l’Eglise, il ne faut plus  en douter mais avancer dans la découverte de la Vérité à travers l’étude des Ecritures. Bien que l’Histoire de l’Eglise ne soit pas l’autorité suprême pour déterminer la vérité d’une doctrine, elle a été menée jusqu’aux jours de l’Apostasie par son Chef suprême le Seigneur Jésus-Christ, et dans les moments de crise la véritable doctrine a toujours triomphé, tandis que le mensonge a disparu quelques siècles, pour réapparaitre ensuite sous un autre nom, et ainsi pouvoir de nouveau tromper les ingénus et les inconstants; le pélagien devient ainsi arminien, l’arrianiste devient  russeliste, le montaniste devient pentecôtiste etc. (Je n’ai d’ailleurs jamais entendu un évangélique se dire arminien, mais plutôt « partisan du libre arbitre », en revanche le calviniste ne se gêne pas pour dire qu’il est calviniste). Notre Dieu est le Dieu qui fait l’Histoire, et cette Histoire tourne autour de l’Histoire de l’Eglise et d’Israël. Cette Histoire de l’Eglise est utile pour nous préserver de tomber dans de nouvelles doctrines qui ne sont que de vieilles hérésies. L’Eglise militante a eu un progrès dans ses dogmes, et nous aussi nous devons avoir un progrès dans notre développement doctrinal, afin de pouvoir nous assurer que notre expérience, notre cheminement spirituel, notre obéissance suit bien le chemin indiqué par notre carte : la Bible. « C’est pourquoi laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement » (Hb. VI ; 1). Cela demande sans aucun doute l’assistance du Saint-Esprit, car tout comme nous ne pouvons pas remettre chaque fois de nouveau les fondements, sinon qu’il nous édifier sur ce qui a été posé antérieurement, nous ne pouvons non plus rester bloqués dans une tradition ou une dénomination avec l’excuse qu’elles possèdent ces fondements. L’Histoire de l’Eglise touche à sa fin et nous sommes entrés dans l’Apostasie finale ; le passé de l’Eglise protestante a beaucoup de choses à nous apprendre mais son présent n’a plus rien à offrir sinon le spectacle honteux et affligeant d’une prostituée qui se vend au monde et au pape. Que le Saint-Esprit, nous guide dans ce progrès du pèlerin où l’expérience et la doctrine tissent notre  réalité en Christ Jésus.

     Maranatha.

 
 
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